Les hommes libres
"Les hommes libres" est un film réalisé en 2011 par Ismael Ferroukhi. Le film traite de faits historiques concernant la résistance de français musulmans pendant l'Occupation et notamment la...
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le 7 mai 2021
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"Les hommes libres" est un film réalisé en 2011 par Ismael Ferroukhi.
Le film traite de faits historiques concernant la résistance de français musulmans pendant l'Occupation et notamment la fourniture de fausses attestations de "religion musulmane" permettant de sauver de nombreux juifs. Ces faits très ignorés du grand public méritent effectivement qu'on en fasse un film.
Si j'ai bien compris les précisions données en début et fin de film, certains personnages ont historiquement existé : le recteur de la grande mosquée de Paris qui est un personnage historique ainsi que le chanteur Salim Halili qui chante en arabe et est d'origine juive et marocaine. Ce dernier a bien été sauvé par le recteur en le faisant passer pour musulman.
Mais les autres personnages n'ont pas existé en tant que tels. Ils sont une synthèse de plusieurs personnes et de plusieurs actions
Pas de problème pour moi, au contraire, ça permet au réalisateur une certaine liberté avec ses personnages et doit lui permettre de pouvoir romancer les actions et les situations présentées.
Mais dans ce cas, pourquoi Ferroukhi n'a-t-il pas alors cherché à mieux faire aboutir ses personnages.
D'un côté, on a le personnage central Younes qui est le fil rouge de ce film, dont le parcours est très crédible. Arrivé en France en 1939 pour travailler dans une usine, il se trouve démuni au début de la guerre et fait du marché noir puis se retrouve de plus en plus impliqué dans des actions de résistance. Ce personnage est parfaitement défini et "fonctionne" bien. On imagine bien ses doutes et ses réticences dans une guerre qu'il peut considérer comme n'étant pas la sienne, puis, devant les actions ignominieuses des allemands ou des miliciens français, le passage à l'action.
De l'autre côté, des tas de personnages gravitent autour de la mosquée et autour de Younès dont les contours sont beaucoup plus imprécis. Exemple du cousin Ali et surtout de Leila qui aurait largement mérité une place plus importante dans le film sans même parler de romance. La concernant, on apprend après coup ce qu'elle est et ce qu'elle fait. Je regrette que ce personnage n'ait pas été mieux travaillé. Le film aurait eu une bien meilleure résonnance.
Cet aspect inabouti du film est peut-être voulu par le scénariste qui voulait crédibiliser son film sous forme de "documentaire romancé". Mais comme on voit bien, qu'il ne s'agit pas vraiment d'un documentaire, à mon avis, il rate son effet. Tandis que s'il avait choisi de faire un film plus cohérent, avec des personnages plus équilibrés et avec un même niveau de définition, il aurait, à mon avis, largement mieux emporté la conviction des spectateurs.
Il y a tout un aspect politique qui est évoqué à plusieurs reprises (Messali Hadj) qui aurait aussi mérité d'être un peu approfondi, par exemple, sur un des personnages. Je ne parlerai pas de la scène de liesse à la Libération qui me semble un peu incongrue et inutile dans le contexte du film.
Côté casting,
Michael Lonsdale joue le rôle du recteur de la mosquée ; son caractère onctueux et bienveillant est très crédible dans un rôle où le recteur jouait un peu sur les deux tableaux avec les allemands qu'il recevaient et ses actions de protection et de résistance. C'est assez drôle de le voir jouer ici après l'avoir vu jouer dans "des hommes et des dieux". La marque des grands acteurs.
Tahar Rahim est aussi très convaincant dans son rôle de Younes qui découvre un monde qu'il ne connait pas et qui le fascine.
Lubna Azabal joue très bien le personnage énigmatique de Leila et aurait largement mérité un rôle plus consistant. C'est un de mes plus grands regrets dans ce film.
En final, le film de Ferroukhi est intéressant, se laisse d'autant mieux regarder qu'il y a une belle photographie et surtout une très belle bande son avec les chansons puissantes et entrainantes de Salim Halili mais on peut regretter le manque d'ambition (ou de moyens ?) du réalisateur qui avait l'occasion de faire un grand film.
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le 7 mai 2021
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