On entend souvent que l’influence « woke » ne franchit que rarement les murs des campus universitaires, j’ai bien peur que ce documentaire sidérant ne prouve le contraire. Son idée principale est que toutes les différences hommes / femmes ne sont que des constructions sociales et culturelles. La biologie dans tout ça ? Non, aucune importance, TOUT, absolument TOUT est construction sociale et culturelle.
Dès l’intro, on comprend très vite où on met les pieds : « Les hormones influencent notre humeur et notre comportement, mais sont-elles aussi puissantes qu’on le dit ? Au point de structurer et piloter différemment les cerveaux masculins et féminins ?» Le sous-entendu (porté par la formule interrogative) est clair, non les hormones ne sont pas capables d’impacter le cerveau du point de vue de la distinction de genre. L'idée de Patricia Cornicius, la réalisatrice, n’est donc pas de faire le point sur les connaissances scientifiques en la matière (ce serait pourtant très utile) mais de dénoncer les inégalités de genre en s'appuyant sur le sujet hautement sensible des hormones.
Sa méthode est simple : lister tous les "mythes" associés aux hormones (en gros que la testostérone est trop souvent mise en avant pour justifier les débordements revendiqués des mâles alpha et l’ocytocine pour expliquer que la femme doit rester à sa place, dans l’empathie, l’amour et le partage), pour mieux remettre en question les réalités biologiques qui se cachent derrière. Pour parvenir à ce tour de force, elle développe un argumentaire qui tient du sophisme : si je vous prouve qu'il existe des projections farfelues et fantasmatiques sur une problématique, alors la réalité de cette problématique ne compte plus.
Les questions qui fâchent sont pourtant abordées mais elles sont rapidement ejectées du recit. Il est par exemple expliqué que les hormones jouent un rôle crucial dans le développement des organes génitaux et que les femmes sécrètent 10 fois moins de testostérone que les hommes. Mais, une fois ces faits établis, le commentaire n’y revient plus... inutile d’aller plus loin et de questionner les impacts réels de la testostérone sur l’homme. Visiblement, un taux 10 fois supérieur à celui des femmes, c'est trop insignifiant...
A ce stade du documentaire, une scène stupéfiante apparait. A exactement 3 minutes et 21 secondes, une illustration montre un homme et une femme et leurs pourcentages respectifs de testostérone. Mais, de manière très étonnante, le personnage de la femme censé représenter « LES » femmes dans leur universalité nous présente une femme… portant un hijab ! Je n’ai rien contre les femmes portant un voile mais qu’est-ce que ça vient foutre ici ?? Ce « détail », pour le moins troublant, trahit une démarche nécessairement idéologique et un désir d’inclusivité maladif.
Tout, dans ce documentaire s'avère profondément idéologique. Les recherches défendant l’idée que la testostérone explique des comportements typiquement masculins (sans qu’il y soit introduit une notion de bien ou de mal) sont systématiquement et consciensieusement dynamitées par deux chercheuses, Rebecca Jordan Young et Sari Van Anders, toutes deux ouvertement féministes. Là aussi, je n’ai rien contre les féministes mais pourquoi vouloir essentialiser la science ?... Sari Van Anders (qui affirme dans le doc faire de la science dite « féministe ») apporte très vite la réponse : « La science féministe c’est observer n’importe quel phénomène sous l’angle des inégalités de genre. L’idée n’est pas de trouver des réponses favorables aux femmes mais d’avoir des réponses et des méthodes scientifiques qui aident à comprendre les inégalités de genre existantes »… Donc, si vous êtes un homme et que vous n'affirmez pas faire de la science dite "féministe" alors il y a bien peu de chances que vous soyez capables d'aborder le problème des inégalités de genre. Et puisqu’il y a une science féministe, il y a donc aussi une science masculiniste (jamais nommée en tant que telle mais dont on comprend bien qu'elle correspond à une approche patriarcale généralisée dont les hommes seraient nécessairement les vecteurs, par essence).
Heureusement... il y a les chercheuses, c'est à dire des scientifiques naturellement vaccinés contre le risque de projeter des stéréotypes de genre. Rebecca Jordan Young peut alors s'arroger le droit de juger les méthodes des autres... "J'observe dans quelle mesure leurs études respectent les principes fondamentaux de la recherche scientifique". Ce rôle bien pratique lui permet ainsi de disqualifier toutes les études innombrables sur le rôle des hormones dans les constructions de genre. Y a t'il une seule personne dans le doc pour la contredire ? Non, aucune.
Qu’ARTE se fasse complice de cet inepte brûlot wokiste est scandaleux, dangereux et lamentable.