Dans la petite cité minière de Bradenville, Arizona, il ne se passe pas grand-chose de particulièrement intéressant, et chacun vaque à ses occupations plus ou moins ennuyeuses. Le fils du propriétaire de la mine, Boyd Fairchild (Richard Egan), noie dans l'alcool la tristesse provoquée par les mœurs extra-conjugales de son épouse Emily (Margaret Hayes). Il hésite à nouer une liaison avec la jolie infirmière Linda (Virginia Leith), celle-ci faisant par ailleurs l'objet de l'intérêt voyeur de Harry Reeves (Tommy Noonan), le directeur de la banque. La vieille Elsie (Sylvia Sidney), employée à la bibliothèque municipale, est quant à elle réduite à voler afin de rembourser ses dettes envers l'établissement bancaire et son patron rapace. Le gérant de la mine Shelly Martin (Victor Mature) mène de son côté une existence familiale paisible, mais doit s'efforcer de reconquérir l'admiration de son jeune fils, qui le considère comme un lâche pour n'avoir pas servi sous les drapeaux durant la Deuxième Guerre mondiale. Bref, rien de bien palpitant à signaler sous le soleil de ce vendredi après-midi...
C'est le jour que choisissent trois braqueurs pour faire leur arrivée en ville. Se faisant passer pour un représentant de commerce, Harper (Stephen McNally) descend à l'hôtel local, où il est rejoint par le nerveux Dill (Lee Marvin) et l'inquiétant Chapman (J. Carroll Naish). Assistés par un quatrième larron, planqué à proximité d'une ferme voisine exploitée par l'Amish Stadt (Ernest Borgnine) et sa famille, les malfaiteurs fignolent un plan millimétré. Le lendemain, ils le mettent à exécution, mais le braquage se déroule non sans quelques dégâts collatéraux. Pensant s'en tirer à bon compte, ils sont au final confrontés à l'opiniâtreté de Shelley Martin, retenu en otage en compagnie des Amish et bien décidé à lutter pour sa survie et la leur...
Étonnant film que cette œuvre relativement précoce (1952) dans la très longue carrière de Richard Fleischer, entamée au lendemain de la Guerre et achevée à la fin des années 1980 ! Pendant une bonne heure - sur l'heure et demie que dure Les Inconnus dans la ville - on observe, sans trop comprendre les liens qui les unissent, les différents personnages mener le cours de leur existence. Leurs destins se croiseront, évidemment, lors de la scène du braquage, nerveuse et réussie, et dans la foulée à la ferme non loin pour un dénouement palpitant et un brin sauvage. Les décors de cette cité minière de l'Arizona, avec ses bâtiments élégants et ses rues proprettes entourés de montagnes littéralement découpées par les machines, sont assez saisissants, et admirablement magnifiés par un CinemaScope rutilant. Le casting, enfin, est impeccable, chaque acteur apportant, malgré le manque relatif de temps à l'écran, une véritable profondeur à son personnage.