J'ai découvert ce film, au Puy-en-Velay, dans le cadre d'une exposition du FRAC Auvergne, au sein du Musée Crozatier. Un film merveilleux, à voir sur grand écran si c'est possible (et avec du bon son), et dont Sergent Pepper a déjà fait l’éloge dans sa critique, lui attribuant d’ailleurs la note maximale.


Soyons honnêtes, je ne connais rien à la musique classique, et sans doute encore moins à la danse. Mais j'ai adoré ce que j'ai vu et entendu, on pourrait croire difficile de danser du hip-hop sur une musique d'opéra, de la musique du XVIIIème, celle de Jean-Philippe Rameau, mais je vous garantis que ce film nous démontre le contraire. Bon, ce n'est pas du hip-hop mais du krump, je me suis renseigné, une danse qui en découle, et qui est née dans un contexte particulier. Celui du Los Angeles d'après les émeutes de 1992 consécutives à la mort de Rodney King, émeutes réprimées de façon très violente.


Une danse issue du hip-hop mais plus saccadée dans son expression, où l'on n'hésite pas à produire des gestes violents, pour exprimer sa colère et sa propre violence, tout en les canalisant. On peut ainsi s'exprimer de multiples manières, on peux arborer un gilet jaune, mais aussi se manifester par son simple corps et en musique, on peut montrer sa colère de manière non-violente. Le parallèle avec la capoeira, que j'adore regarder, n’est peut-être pas complètement pertinent, mais il y a incontestablement des points communs, malgré les différences, notamment liées à des contextes différents. En tout cas, le krump reste aujourd'hui une danse underground là où le hip-hop est sur le devant de la scène, même s'il a acquis davantage de notoriété avec le documentaire Rize de David Lachapelle.


Le film de Clément Cogitore est puissant. Il exprime la volonté de l’auteur de filmer la rencontre, de croiser des univers différents et de voir ce qui en résulte. Les Indes galantes sont peut-être plus proches de nous que ce que l’on croirait, nous entrons dans la danse, la caméra nous fait pénétrer dans la battle, nous vibrons aux résonances de la musique d’hier dans ces corps d’aujourd’hui. C’est beau, j’en frissonne encore.


Le film a gagné le prix du public à Clermont-Ferrand en 2018, il est nommé aux Césars en 2019 dans la catégorie des meilleurs courts métrages.


Un film à voir ici : https://vimeo.com/205516189


Voir aussi un entretien avec Clément Cogitore : https://www.operadeparis.fr/magazine/le-krump-embrase-rameau

socrate
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le 26 janv. 2019

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socrate

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