Un film de super héros peut-il être crédible au 21e siècle sans sequel, prequel, spin off ou autre exploitation du genre ? Teasée sur le fil à la fin du premier épisode, la suite des aventures de la famille Parr aura été attendue, bien plus que celles de Cars que personne n’avait demandé. 14 ans, 13 Pixars, 19 Marvels et 4 Star Wars plus tard, on retrouve notre bande d’indestructibles à l’endroit même où on l’avait quittée, sur le parking du Metroville Stadium, prête à en découdre avec le Démolisseur qui restera donc dans la mémoire collective malgré son relatif intérêt .
Un combat et une scène d’action d’entrée de jeu, comme pour rappeler la grande maitrise de Brad Bird dans cet exercice, bien aidé par une animation toujours plus fluide et réaliste qui donne un petit coup de vieux au premier opus (oui c’est maintenant possible). Le réalisateur qui ne manque pas de placer plusieurs clins d’œil aux fans, reprenant par la même occasion son rôle d’Edna Mode dans une scène… plutôt drôle…mais au goût de déjà-vu. Une prise de risque globale qui se veut donc assez minimale pour une suite qui joue avant tout la carte de la familiarité. Mais ne boudons pas notre plaisir, quelle émotion de retrouver sa famille après une si longue absence. Au rayon nouveautés, l’hypnotiseur (Screenslaver en VO ce qui fait beaucoup plus sens), antagoniste dont la véritable identité et les intentions ne seront pas difficiles à deviner rapidement, ainsi qu’une bande d’apprentis super héros malheureusement plus anecdotique les uns que les autres (sérieusement cet homme chouette quel est le projet ?), à l’exception peut-être de Karen qui malgré sa ressemblance physique n’est pas doublée par Kristen Stewart.
En même temps, difficile de se faire remarquer quand on concourt à côté d’un être qui cumule pas moins de dix-sept pouvoirs. Oui, la vraie révélation du film vient d’un personnage déjà connu... Si on vous demande un jour qui est le meilleur bébé du cinéma répondez simplement « Jack Jack ». La star du film c’est bien lui, et pas elastigirl, n’en déplaisent à nos ami-e-s féministes. Son potentiel comique démesuré déjà entraperçu dans le premier épisode, a été parfaitement saisis par les créateurs qui l’exploiteront cette fois à pleine mesure avec une imagination débordante. Chaque apparition de Jack Jack fait mouche, même si la palme revient sans doute à sa rencontre mouvementée avec un raton laveur, scène instantanément culte et pas sans évoquer les meilleurs cartoons de la Warner.
Bien sûr, le reste de la famille n’est pas éclipsé pour autant. Mais là où le premier opus parvenait à développer chacun des membres individuellement tout en reliant leurs arcs respectifs à l’histoire principale de manière transparente et plutôt intelligente, sa suite se veut plus éparse, enchaînant les scènes liées à chacun sans jamais trouver une réelle synergie. Le final en est un bon témoin, avec un dénouement moins réjouissant car moins intimement liés aux personnages. C’est d’autant plus dommageable que cette synergie est parfaitement trouvée quand il s’agit de faire collaborer les indestructibles et leurs différents pouvoirs ensemble de manière créative. Brad Bird ne s’amuse jamais autant que dans les scènes d’actions, des vortex de Voyd à la course en moto caméra embarquée, en passant par le combat épileptique entre Helen et un livreur de pizza, les idées visuelles ne manquent pas et sont une véritable réussite.
Sans transcender l’original, les indestructibles2 maintient le cap avec une suite réussie. Sorte de pop-corn-movie ultime pour toute la famille, la franchise s’affirme comme l’une des plus ludique et dynamique du catalogue Pixar. En attendant un troisième épisode dans 15ans, profitons donc du succès présent et espérons ne jamais voir Jack Jack grandir.