Brad Bird revient à l’animation avec cette suite des « Indestructibles ». Si le résultat est visuellement grandiose, on peut s’interroger sur l’intention première de la production pour l’histoire, qui manque à mon avis de fil rouge. Peut-être, en réalité, que la suite a été pensée avant le scénario, c’est en tout cas l’impression que ça me donne.
La famille de superhéros se bat désormais pour sa légitimité, car une loi contre les justiciers leur interdit d’accomplir leurs devoirs. Alors qu’un plan de sauvetage leur est proposé pour renverser cette situation, un changement de rythme bouscule le foyer. En effet, Hélène accepte un travail à plein temps, tandis que Bob doit assumer le rôle de père au foyer, une tâche qui lui parait bien dérisoire au départ, mais qui se révèle finalement bien plus compliquée que prévu.
Si l’histoire n’est pas sans intérêt, bien au contraire, je regrette un manque de panache, un manque de nouveautés aussi, et surtout, l’intention m’apparait comme étant un peu trop quelconque pour engager une suite, en particulier lorsqu’on connait les exigences des studios Disney-Pixar. Pour autant, les thèmes abordés sont parfaitement aboutis, le cas de conscience de Bob et la crise qu’il traverse sont des événements intéressants, et absolument drôles. L’aspect « Girl Power » de l’aventure d’Hélène est bienvenu. La condition et le combat des superhéros pour une plus grande acceptation dans la société bénéficient d’une grande profondeur, avec une deuxième, et pourquoi pas, une troisième, lecture, qui nous évoquerons les grandes luttes sociétales de l’Histoire.
Mais l’intérêt majeur de l’histoire réside dans un tout autre point, qui balaye tous les autres aspects intéressants de l’œuvre, aussi bien pensés soient-ils : les pouvoirs de Jack-Jack se réveillent enfin, et ils sont nombreux et horriblement envahissants. Le bébé, bien malgré lui, devient comme le personnage principal du film, victime de son irrésistibilité. Et c’est là, le véritable problème d’intention de l’œuvre. Jack-Jack était en réalité tout défini pour briller dans ce second film, et l’histoire aurait dû amplement tourner autour de lui et être construite essentiellement pour lui. Ainsi, l’œuvre se serait démarqué de son ainé, d’une manière bien plus franche et assumée, comme l’avait fait à l’époque un certain « Toy Story 2 » qui avait réussi l’exploit de faire mieux que le premier, grâce notamment à une nouvelle vision maitrisée.
Car il faut bien l’admettre, si l’œuvre est parfaitement juste dans les thèmes qu’elle aborde, l’action et les nouveautés ne sont pas au rendez-vous. En cela, un super-vilain qui hypnotise ses victimes n’a absolument rien d’original. L’œuvre est aussi tellement convenue que le dénouement ne peut tomber qu’à plat. Le cadre spatial de l’intrigue n’a aussi pas grand-chose de rafraichissant, car le film se déroule essentiellement dans une grande ville, et aussi jolie soit-elle, ça n’a rien de nouveau.
Malgré ces quelques remarques négatives, il faut tout de même rendre à Pixar ce qui est à Pixar : une animation exemplaire, avec une cohérence concrète et visuelle avec le premier film. La musique est remarquable, épique. L’ambiance est immersive, le rythme effréné.
Vraiment, le film est très bon. Pour être honnête, si ça n’avait pas été un Pixar, je lui aurais sans doute attribué une meilleure note, mais je voudrais le noter en le comparant à l’excellence du catalogue du studio, et dans ce contexte, il y a beaucoup à redire. Face à un DreamWorks, le film aurait eu droit de ma part à neuf étoiles, mais face à son grand frère, premier du nom, rien n’est moins sûr. Je considère que le deuxième n’égale pas le premier, malheureusement.
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