Voyez-vous ces êtres-vivants ?
Je craignais le syndrome La Maison du Diable, c'est à dire des sursauts à cause des portes qui claquent, des fenêtres qui s'ouvrent brusquement, des apparitions éclairs... Il y a de ça au début, mais heureusement, le cinéaste a finalement une vision plus riche et plus ambitieuse des choses.
Déjà, le film est parfois malsain, le traitement des enfants est impitoyable, il y a toute une tripotée de sous-entendus ambigus sur le thème des traumatismes sexuels actifs ou passifs de ces derniers, ça m'a fait vraiment froid dans le dos, surtout quand on aperçoit vers la fin l'impuissance totale et le mal-être de ces enfants qui avaient l'air forts et presque parfaits, avec leurs déchirants pleurs et hurlements... Sans oublier le personnage névrosé de la gouvernante elle-même, dont on a des doutes sur sa pureté et sur sa santé mentale.
Ensuite, le noir et blanc, bien sûr. C'est l'un des plus beaux que j'ai eu l'occasion de voir, si ce n'est le plus beau. La photographie, la lumière, toute la mise en scène technique est d'une richesse plastique à couper le souffle.
On rajoute à ça une comptine inquiétante lors du générique du début, quelques beaux plans de fantômes, une femme de ménage sous silence, une angoisse particulière - en somme, un drame d'épouvante plus original qu'il en a l'air.