Après le choix très contesté de faire porter à l'acteur britannique Daniel Craig le smocking de l'agent secret le plus célèbre du cinéma, j'étais presque décidé à boycotter tous ses prochains films. Evidemment, je ne suis pas un garçon de volonté (sinon je ferai du sport !), alors quand est sorti en salle Les insurgés, d'Edward Zwick (Blood Diamond), je n'ai pas résisté à aller jeter un oeil -critique- à la nouvelle prestation de l'acteur.
Jusque là, notez bien que mes intentions n'étaient pas malhonnêtes, et que je pensais vraiment passer un bon moment. Evidemment, dés les premières minutes, j'ai compris que mon instinct concernant l'acteur était le bon : l'homme n'est pas taillé pour tous les rôles ! Nous voilà donc dans un pays d'Europe de l'Est pendant la Seconde Guerre Mondiale, territoire occupé par les armées allemandes, et où l'idéologie nazie est appliquée implacablement par les policiers et militaires locaux. Les Bielski, parmi d'autres juifs, sont abattus. Leurs enfants, trois gaillards dont Daniel Craig, survivent en se cachant dans les bois.
Rapidement, il se retrouve en charge de quelques survivants, dont le nombre ne cesse de croitre. Les voilà devenir même une petite communauté de réfugiés, fuyant les allemands et les policiers, fuyant la mort. Daniel Craig est donc le chef de tout ce monde, et dirige le tout avec ses deux frères : Liev Schreiber la brute et Jamie Bell le beau (marry me !).
Difficile de dire à quel moment le film devient vraiment pénible. Dés les premières minutes, la caméra utilisée rend un effet très désagréable, genre "caméra HD de bloggeur", et on se demande un instant si on va devoir se refaire un Cloverfield. Ça ne dure pas longtemps, quelqu'un a du dire au réalisateur "coco, t'as craqué là, on ressort les vraies caméras, on fait pas un film pour Youtube !". Et pour le reste, c'est Daniel Craig et le scénario qui (dé)font tout. Il y a d'abord cet air de Stallone, bas du front, prognathe, comme incapable de réfléchir sans émettre un grognement, qu'on image être causé par la douleur d'une activité cérébrale inhabituelle.
Quand il ouvre la bouche, on regrette presque la VF ! Le cinéma américain cultive sans honte cet étrange paradoxe : faire parler des acteurs tenant des rôles français, russes ou allemand en américain, mais avec un accent. Histoire de dire, "attention, il est tout de même peu probable que dans le caucase de 1943 les paysans parlaient anglais entre eux". Sauf que, en fait, quand un acteur anglophone se met à faire un accent étranger, c'est ridicule. EW avait d'ailleurs consacré un excellent article sur les pires accents étrangers du cinéma américain ! Daniel Craig ne s'en sortant évidemment pas mieux que les autres.
Le reste du film est à vrai dire passablement chiant, entre les empoignades viriles fraternelles et le plan où Abel est prêt à tuer Cain d'un coup de pierre, en passant par le moment où Daniel se compare à Moïse guidant le peuple à travers la mer, alors qu'il s'apprête à faire traverser un grand marécage à son groupe...
Bref, vous l'aurez compris, vous pouvez regarder autre chose.