Qu'on se mette d'accord avant tout: Les Invisibles aurait pu être bon. J'adhère au sujet traité qui mérite amplement d'être mis en scène au cinéma (alors toi là, petit SJW en herbe, calme donc tes ardeurs et va jouer ailleurs!).


Ce n'est toutefois pas suffisant. Ça manque clairement de savoir faire à la réalisation, complètement bancale ici. S'agit-il d'un enchainement de saynètes? Un documentaire? Une comédie dramatique? Le mélange des genres est loin de me déranger en temps normal pour peu que ça ait une logique et que le film soit imprimé d'un rythme qui se justifie.


Cette œuvre cinématographique, donc, pourrait être un cas d'école sur "Comment rater un film social".
A la base, il possède les bons ingrédients:
- Un sujet basé sur une noble cause
- Une brochette de bons acteurs
- Des bons sentiments tout plein
- Un côté légèrement décalé mais pas trop à travers des boutades qui peuvent prêter à sourire
- Un concept: faire jouer directement les protagonistes qui racontent leur histoire
- Un buzz


A partir de là, on peut superposer un paquet de films du genre. Je pense notamment à Hors Normes sorti la même année, qui est un peu meilleur, soit, mais loin d'être exempt de défaut.


Mais revenons en à nos Invisibles. Ce n'est pas comparable à Ken Loach contrairement à ce qu'on peut lire dans les critiques. Ça manque d'une ligne directrice comme si le scénario se construisait au fur et à mesure de la réalisation. Oui, les Invisibles transpire de bons sentiments et d'une volonté fort louable mais c'est complètement décousu. Il n'y a pas à un seul moment dans le film, possibilité de comprendre où on veut en venir, de s'attacher à un quelconque personnage, d'entrapercevoir une trame voire finalement de comprendre l'intérêt du film.


C'est hype de faire une intro sur la base de saynètes et ça donne du dynamisme, pas de souci. Mais ensuite on s'empêtre dans des non-sujets en jouant les comiques sur le trafic de CV, des entretiens d'embauches foireux, la pseudo-sophrologie ou les ateliers Le bricolage pour les nuls. On a bien compris qu'on faisait avec les moyens du bord et qu'on voulait jouer sur le non-conventionnel, mais ça manque clairement de professionnalisme et finalement de crédibilité (peut-être encore plus pour moi qui occupe un métier qui s'en rapproche). On enchaine pendant tout le film entre humour grotesque et du pseudo-patho (parce qu'on veut pas de patho, alors on en fait sans en faire) en nous mettant le nez sur le sujet sans jamais oser en parler (et on en parle sans en parler), comme si cela pouvait éveiller une quelconque conscience collective. C'est bien, ça permet le buzz, les louanges hypocrites de la presse, et les notes avant tout humanistes sur Senscritique pour une œuvre qui ne les mérite clairement pas.


Et puis, alors qu'on attend toujours de savoir où veut en venir le film, la fin arrive, sans qu'on ait finalement traité de rien.


La conclusion du film finit clairement par nous achever de par sa naïveté déconcertante en mode pseudo happy-ending.


Petit retour en toute objectivité: faisons preuve de sens critique.
Arrêtons de confondre le sujet et l’œuvre qui en traite!
Il reste toutefois une lueur d'espoir grâce à Ladj Ly, avec Les Misérables, qui aura peut-être ouvert une nouvelle voie pour le cinéma français voire le cinéma tout court (parce que les américains ne font pas mieux avec leurs biopics creux sur à peu près tous les sujets héroïques possibles et imaginables: https://www.senscritique.com/film/Stronger/critique/158144752).
Comme quoi, un certain savoir-faire derrière la caméra, ça peut faire toute la différence!!

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le 15 avr. 2020

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Alienure

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