Une comédie, Les invisibles, vraiment ? Si on peut se féliciter que, pour une fois, le cinéma français parle d'une frange de la population grandement oubliés, la tentative d'en faire une chronique positive et euphorisante n'est pas réellement aboutie. La justesse sociale est avérée même si les portraits de ces femmes manquent un peu de consistance. Mais le parti pris de tirer le film vers la légèreté se heurte à de grosses lacunes du côté de la mise en scène et surtout dans une narration qui perd souvent le fil et se disperse en voulant aussi bien parler de ces invisibles que de celles qui les aident contre vents et marées (avec une permanence des bons sentiments des susdites). La confrontation d'actrices réputées et de non-professionnelles n'est pas non plus une totale réussite et Audrey Lamy est celle qui s'en sort le mieux par une spontanéité qui colle bien au propos et la met parfaitement en phase avec ces exclues de la société. Au-delà de toute considération, c'est évidemment la quête de dignité qui est l'élément le plus touchant des Invisibles et là-dessus, le film est irréprochable. Mais si l'on se place du point de vue du spectateur exigeant, et moins du citoyen concerné, il est assez difficile de ressortir totalement satisfait d'un film qui vaut plus par son propos et ses objectifs que pour ses qualités purement cinématographiques.