Acteur fétiche de Philippe de Broca pour ses premiers films, avant de laisser la place à Belmondo, Jean-Pierre Cassel a de comparable avec ce dernier un caractère de pitre, spontané, voire bondissant. Il incarne dans le couple qu'il forme avec Geneviève Cluny un forme de liberté, faite d'égoisme et d'irresponsabilité peut-être, mais anticonformiste. Comme devrait l'être la jeunesse semble dire Philippe de Broca dans son premier film. C'est ce qui fait l'originalité de sa comédie en cette année 1960.
De Broca n'est pas précisément assimilable à la Nouvelle Vague mais il est éloigné du "cinéma de papa". Déjà, Victor et Suzanne sont en ménage sans être mariés. Ils vivent de leur petit commerce de brocante, d'amour, d'étreintes et de chamailleries. Une forme de vie de bohème qui, pour Victor, exclut le mariage et la paternité que lui réclame Suzanne. L'ami du couple, François, incarne, lui, l'orthodoxie de l'époque qui pourrait finir par séduire la jeune femme.
Comédie sentimentale, comédie de moeurs, le film n'est pas irrésistiblement drôle mais il introduit un modèle nouveau de personnage, celui de Cassel, primesautier comme un adolescent, qui refuse les conventions et injonctions sociales de l'époque.