Que me voilà embêté par un film que je ne saurais qualifier, ni même affirmer si je l’ai aimé (mais ça m’étonnerait quand même un peu) ou détesté (mais ça m’étonnerait quand même beaucoup). Essayons de remettre les choses à plat : donc, tout d’abord, Romain Goupil film Romain Goupil. Ce parti prit peut en excéder plus un : tout d’abord, c’est assez nombriliste, et puis, soyons franc, il ne joue quand même pas très bien (oui, mais c’est parce que c’est Romain Goupil qui fait semblant qu’il est acteur). Donc, Romain a fait bien des films engagés politiquement, il est un ancien soixante-huitard. Seulement, voilà, il est arrivé à l’âge où il doit préparer sa retraite, penser à ses obsèques, faire avec des enfants qui n’entendent rien de ses luttes passées et, pour couronner le tout, son prochain film peine à être ébauché. Alors, oui, le fait de jouer son propre rôle est déstabilisant, mais cela donne une force plus importante au propos, tout comme le fait d’avoir fait jouer ses proches. Ainsi, quand son père, ancien chef opérateur, confesse devant la caméra de son fils qu’il aurait préféré se suicider plutôt que de perdre la vue, on ignore s’il s’agit de propos réels ou si l’on est dans le domaine de la fiction. Tout le film est ainsi, un perpétuel ballet entre réalité et fiction. Toujours est-il que cela nous touche, comme ces vidéos personnelles de Sarajevo qui, si elle n’apporte rien au propos, le soutiennent cependant. Quelques traits d’humour (le coup de la sortie sucrée, ou l’église fermée le Dimanche), appuyés par un final parfaitement décalé et juste jouissif, nous font penser que nous sommes dans l’autobiographie parodique. Romain Goupil film un Romain qui n’est pas complètement lui-même, mais pas foncièrement un autre.
Bien sûr, il y a des longueurs. Bien sûr, le propos n’est pas toujours très accessible de prime abord, mais quelques personnages hauts en couleur comme la banquière ou l’assistante des pompes funèbres agrémentent le tout. Mais il faut bien ça, et ne pas compter sur ce film pour se distraire.