Frustrant !

C'est dommage car le propos de ce film est je pense l'un des aspects les plus grave et les plus sous estimé du génocide.
Le fait de détruire une population est un crime qui porte un nom : génocide.ais ce qui est invisible, c'est ce qui ne peut, en apparence pas se détruire : le verbe. Or, la volonté génocidaire n'est pas de détruire seulement la vie, seulement les corps. C'est de détruire l'âme, l'histoire, l'art et jusqu'au souvenir de l'être. La destruction des juifs d'Europe ne peut être comprise dans sa globalité si l'on intègre pas la disparition des dialectes, de l'art et de tout un pan de la culture européenne et particulièrement en Europe centrale.
Ici, en inventant des mots là où il y avait des noms, le protagoniste se sauve et de la mort et de l'oubli. C'est en définitive le génocidaire qui, en apprenant une langue qui n'émane que de l'anéantissement s'aneanti lui même. Est-ce une parabole de l'Europe, que plus personne ne comprends désormais, mais dont on entend encore les noms oubliés ?
C'est cette force, et ce poids de la malédiction de la guerre et de la destruction que je n'ai malheureusement pas ressenti durant ce film. Frustrant, mais pas décevant pour autant.