A l'heure à laquelle les inégalités s'accroissent, les capitaux convergent dans les mains de quelques uns, et à laquelle le capitalisme organise la destruction de la seule planète habitable dont nous disposons : Les LIP, l'imagination au pouvoir est une bouffée d'air frais, un rayon d'optimisme dans la brume sociale. Essayons de disséquer ce film et d'en faire une analyse esthétique qui, et je m'en excuse par avance, sera teintée de rouge et dégarera de fortes effluves politisées (misomuse que je suis).
Sûrement dans un soucis de naturalisme, le film prend le parti de donner la parole aux spécialistes de l'événement : les travailleurs. Loin des costars et des grandes pensées abstraites, ayant depuis longtemps désertées ce bas monde matériel, nous avons ici à faire à des gens qui, au prix de sueur et de larmes, sont rentrés dans un rapport de force avec le Capital. Ils sont encore plus éloignés de la caricature grotesque de l'ouvrier que BFMTV nous sert à longueur de journée : le gilet jaune un peu vulgaire, qui ne parle pas très bien (ce qui signifie enfait, qui parle hors des codes d'une certaine bourgeoisie) et qui fait usage de la violence à tort et à travers. Non, on a ici à faire à des gens posés et réfléchis, d'une vitalité émouvante et parlant un français dont peu pourraient se vanter.
Comment ne pas être ému quand, les souvenirs refaisant surface, leur voix se chargent de l'émotion des révoltes oubliées ? Question réthorique. Simple et précis, le documentaire dépeint avec précision le dossier Lip et nous transmet avec sincérité les émotions autour de cette lutte.
J'aimerais, pour illustrer mon propos, m'attarder sur deux scènes du film que je trouve toutes particulièrement touchantes :
Alors que la menace du liecenciement plane sur les ouvriers, ils décident de ralentir les cadences de production afin de protester. Qu'elle n'est pas leur surprise quand il s'avère que c'est impossible, non pas parce que la direction utilise des moyens coercitifs, mais bien parce que leur propre corps les y oblige. Aliénés jusque dans leur réflexe, le travail à la chaîne s'étant insinué jusqu'au plus profond de leur système nerveux, ils se retrouvent obligés de ne travailler que 3/4 du temps afin de baisser substantiellement la production. Le constat est glaçant, les forces de l'argent ont définitevement la capacité de transformer des hommes en machine à produire (une certaine vison de l'enfer).
A un autre moment du film, une femme, déléguée à la CGT si ma mémoire ne me fait pas défaut, se voit adressée une phrase qui, à mon sens, résume le film : "vous n'êtes pas politique, vous êtes sociale". Alors oui on pourrait discuter des heures de ce qu'est la politique et sortir des phrases comme "tout est politique" (comme dirait l'autre), et ce serait certainement très intéressant, mais toute cette lutte est enfait loin de ces considérations. On parle ici de sujets sociaux qui, sans vouloir verser dans de grand projets idéologiques, prennent conscience qu'ils sont indispensables dans le fonctionnement de l'appereil productif. Téma la taille de l'émancipation.
En bref, je ne peux que vous recommander de voir le film (gratuit sur internet), qui, en plus d'être épris de liberté et de féminisme (en bonus), vous servira d'argument face au premier libéral qui vous dira que les patrons sont nécessaires (trop hâte de leur répondre "mec sois normal, cultive toi"). Pour conlcure, je ne me vois pas écrire quelque chose, alors que la plus belle des conclusions existe déjà, je me contenterai donc lâchement, avec fierté pourtant, de la recopier ci dessous :
"Que les classes dirigeantes tremblent à l'idée d'une révolution communiste ! Les prolétaires n'y ont rien à perdre que leurs chaînes. Ils ont un monde à y gagner.
PROLETAIRES DE TOUS LES PAYS, UNISSEZ-VOUS !"