J'ai vu le film quelques jours après avoir terminé la lecture du roman, que j'ai adoré. Je ne peux donc pas critiquer objectivement le film comme si c'était une œuvre indépendante, je le considèrerait ici comme une adaptation, malheureusement qui est ratée et sans âme.
Le point fort du livre est que chaque chapitre est rédigé du point de vue d'un des trois personnages principaux (Sean, Paul et Lauren) et parfois d'autres personnages. On est plongé dans leurs têtes et on comprend comment chacun perçoit son quotidien, les évènements et comment ils encaissent le vide de leur existence (spoiler: sexe, drogue et rock'n'roll). Car c'est là le sujet du livre : le je m'enfoutisme comme réponse au sens de la vie, qui conduit les personnages à tous les excès, car selon eux, rien n'est important et les conséquences sont inexistantes.
Dans le film, les personnages n'ont aucune personnalité, aucune âme, même leurs désirs sonnent faux (et ce n’est pas dû aux acteurs), et malgré quelques monologues en voix off, on n’apprendra rien sur eux ni sur leur ressenti. Les scènes s’enchaînent donc sans enjeu, presque sans lien entre elles, l’histoire ne progresse pas et le film ne véhicule aucun message.
J’aime pourtant beaucoup ce genre de film, où les personnages semblent perdus et errent dans leur vie (The Wackness, Human Traffic, Kids…) mais ici, ça ne prend pas.
En visionnant le film, on se demande si le réalisateur a lu le roman, et si oui s'il l'a compris ? ou bien s'il s'est contenté de le feuilleter pour en extraire quelques scènes et les tourner ?
Certaines scènes n’ont d’ailleurs aucune logique : si le réalisateur a choisi de ne pas inclure la liaison entre Sean et Paul dans son adaptation, dans ce cas pourquoi inclure la scène de jalousie de Paul au téléphone avec Sean ?
Malgré une réalisation plutôt réussie, le réalisateur n'a pas su capter l'essence du roman et la transposer dans son film. On notera quand même quelques scènes sympathiques : le voyage de Victor en Europe, le dîner au Ritz durant lequel Richard enchaîne les outrages, ou l’achat de drogue qui dégénère chez Rupert, mais ça ne sauve pas ce film qui sonne creux.