Tout part d'une bête histoire de clan lors du début du XIXème siècle, celle d'une lutte entre les Canfield et McKay qui va se dérouler sur plusieurs générations, avec notamment le retour du jeune McKay, 20 ans après son très jeune exil, qui sera invité chez les Canfield par la jeune Virginia...
Inspiré d'une histoire vraie et réalisé par Buster Keaton et John G. Blystone, Les lois de l'hospitalité ne quitte jamais le personnage de Buster Keaton que l'on suit à travers ses diverses aventures. Ils s'intéressent surtout au passage de celui-ci chez la famille Canfield où il est uniquement protégé par les fameuses lois de l'hospitalité. La force de Keaton, c'est d'arriver à jouer sur plusieurs tableaux en même temps, ici il mêle habilement une histoire d'amour entre deux membres de clans ennemis mais toujours avec une bonne dose d'action et évidemment d'humour.
Il fait preuve d'une réelle maîtrise de son sujet, ne bâclant pas l'histoire (par contre, il y a ce léger regret de voir certains personnages peu ou pas exploités) et prenant son temps pour bien mettre en place le contexte, puis distiller les doses d'humour et de charmes. C'est efficace et sans lourdeur, dévoilant, à nouveau, une vraie science du burlesque et comique de répétition, avec des séquences hilarantes côtoyant un suspense tenant de bout en bout. La vraie réussite du film tient en grande partie sur les épaules de Buster Keaton et le personnage qu'il s'est confectionné. "L'homme qui ne rit jamais" est ici sur (presque) tous les plans et ne manque jamais d'inventivité dans l'humour. Il fait aussi preuve d'une incroyable prise de risque lors de certaines séquences d'actions (notamment lors des scènes "aquatique"), c'est tout simplement époustouflant.
Dans le même temps, il montre une certaine maîtrise du mélodrame et du sujet, il exploite bien le contexte des deux familles qui se détestent et son intrusion dans l'une d'elles. On prend un véritable plaisir à le suivre lorsqu'il se trouve dans la maison "ennemi" et ses diverses ruses pour ne pas en sortir et profiter des lois de l'hospitalité. Mais il sait aussi se faire touchant à travers son histoire avec Virginia, ainsi qu'efficace. Il exploite aussi très bien les paysages à l'image de la scène du voyage en train, entièrement tournée en décors extérieurs qu'il ne manque pas de bien mettre en valeur.
N'ayant évidemment pas le temps de voir tout ce qui me fait envie, je remercie mes éclaireurs pour les conseils souvent justes, ici, et à nouveau, Kalopani, dont l'excellente critique m'avait incité à me pencher sur ce film en question, une petite pépite de 70 minutes où l'on prend un plaisir fou à suivre Buster Keaton se faire tour à tour drôle, touchant, spectaculaire ou encore inventif.
À noter que le film s'est inspiré d'une célèbre querelle entre deux familles, dont les vrais noms sont Hatfield et McCoy, qui a aussi inspiré une (très bonne) adaptation en série TV avec notamment Kevin Costner et Bill Paxton sous le nom de Hatfields and McCoys.