"Une année, un film" : Les lois de l'hospitalité, Buster Keaton & John G. Blystone, 1923.
Ma petite aventure au fil de l'histoire du cinéma se poursuit. En plein dans les années 1920, alors que le cinéma muet est à son apogée, il était inévitable, et inadmissible pour moi de ne pas voir au moins un film de "l'homme qui ne rit jamais", Buster Keaton. J'ai déjà vu "Le Mécano de la General", probablement le film le plus connu de lui, mais c'était il y a bien longtemps, quand j'étais en école primaire, au cinéma (j'y repense, c'était une sacrée chance de voir un si vieux film au cinéma !). Du coup c'était l'occasion de retrouver cette icône du cinéma du début du siècle à travers l'un de ses premiers longs métrages.
L'action des "lois de l'hospitalité" se déroule au début du XIXe siècle (vers 1830 plus précisément). L'histoire s'appuie sur de vieilles querelles opposant deux familles, les Canfield et les McKay. Les hommes des deux familles avaient pour vilaine tradition de chercher à s'entretuer pour perpétuellement venger la génération précédente. Le prologue raconte le règlement de comptes entre John McKay et l'un des Canfield, qui s'entretuent lors de leur affrontement. La femme du défunt McKay décide d'envoyer son fils Willie (Buster Keaton) à New York, chez sa soeur, afin qu'il vive loin des querelles familiales. Vingt ans plus tard, Willie apprend qu'il hérite de la propriété de son père, et décide de s'y rendre pour en prendre possession. Sa tante le prévient alors de ce qui risque de l'y attendre. Willie s'y rend en train, et y rencontre une jeune femme qui ne le laisse pas insensible. Arrivé à destination, il se sépare d'elle pour retrouver sa propriété. Il va y rencontrer par hasard l'un des fils Canfield, supposé l'y mener, et qui va alors tenter de tuer Willie. Par chance, il n'y arrive pas, et Willie part seul chercher sa nouvelle propriété. Il y découvre une maison en ruines et finit par être invité par la jeune femme à souper chez elle. Pas de chance, c'est la fille Canfield, et bien qu'elle n'ait pas un tempérament belliqueux à l'instar de ses frères et son père, cela risque de refroidir les ardeurs du pauvre Willie. Celui-ci va alors se rendre chez les Canfield sans savoir où il va, et va être traqué par ceux-ci, à une seule condition : personne ne tire sur un invité.
En regardant ce petit film d'une heure et quart, je dois avouer que je me suis laissé entraîner allègrement par l'insouciance et le romantisme qui transpirent de cette œuvre. Nul doute que mon plus gros coup de cœur à propos de ce film, c'est Buster Keaton. J'ai retrouvé un acteur tout simplement génial, qui donne tout son sens au cinéma muet. J'ai auparavant vu quelques réalisations de Charlie Chaplin, qui m'avaient séduit par leur mélancolie également empreinte d'optimisme. J'aime beaucoup Chaplin par son côté pitre, insouciant mais extrêmement humain. Buster Keaton a un jeu différent, il est d'emblée beaucoup plus froid, et subit davantage les gags qu'il ne les crée lui-même. Mais c'est cela qui m'a fait adorer le personnage et, au-delà, l'acteur. Il tient parfaitement ce rôle de personnage poli, qui ne montre pas d'émotions, mais saura toujours agir justement et dans l'intérêt commun. Pourtant, malgré, et peut être justement à cause de cela, il a réussi à me faire rire à travers les différents gags qui rythment ce film, car il y a justement un écart entre son comportement naturel, et l'absurdité des situations dans lesquelles il se retrouve.
Les lois de l'hospitalité est une petite pépite du cinéma muet, savoureux petit mélange des genres, plein d'entrain et d'insouciance. C'est un film juste, drôle, avec des gags bien dosés, et un Buster Keaton tout bonnement parfait dans ce rôle. Keaton était vraiment fait pour le cinéma muet, et a vécu à la bonne époque, et je suis content d'avoir la chance de pouvoir regarder ses films après tout ce temps. Le prochain de la liste sera également de Keaton, et nul doute que j'ajouterai d'autres de ses films à mes futures envies !