Les producteurs de cinéma obéissent à la même règle d'or que les entraîneurs de clubs sportifs. Soit : toujours reconduire une équipe qui gagne ! Les deux co-producteurs de ce film, eux, ont manifestement voulu miser une seconde fois sur le tandem gagnant de "Rue barbare". Film évènement de la saison 83 qui a bien servi la carrière de son jeune metteur en scène et celle de sa vedette masculine : Gilles Béhat et Bernard Giraudeau. L'un et l'autre ont scellé leurs chaleureuses retrouvailles avec cette torride aventure s'inscrivant sous le brûlant soleil d'Amérique du Sud.
Quand il tourne le dos aux multiples situations périlleuses qu'il vient de vivre, juste avant le mot "Fin", le personnage central peut effectivement estimer qu'il a eu chaud ! Géologue français se livrant à des forages en solitaire sur les hauts plateaux boliviens, il préfère - assez lâchement - ignorer le contexte politique du pays en question. Or, début 1982, un fragile élan démocratique remet en cause le régime qui jusqu'alors faisait rimer militaire avec autoritaire !
De spectateur, Loïc Murat devient acteur dès sa rencontre impromptue avec la belle et intrépide Julia. Celle-ci entend superviser la libération imminente de son père écrivain, symbole vivant d'une oppression totalitaire vacillante... mais toujours omniprésente. Groupes paramilitaires occultes, les "longs manteaux" (distinction vestimentaire) veulent enrayer le renouveau démocratique en assassinant l'intellectuel sur le lieu même de sa remise en liberté...
A la tête d'une poignée d'amis boliviens, le Français va conduire la guérilla contre la horde de tueurs. Et comme le prisonnier politique voyageant dans le train spécial, il va avoir "la mort aux trousses" !
Gilles Béhat s'empare ainsi d'un thème très apprécié du public : le héros malgré lui. Tout en signant une oeuvre somme toute conventionnelle question scenario, il offre à Bernard Giraudeau un magnifique rôle d'aventurier par la force des évènements.
Les décors naturels, dans le grandiose panoramique, situent l'action sans faire cartes postales.
D'excellents comédiens argentins sont au générique, heureusement au-delà du faire-valoir exotique.
Et surtout, on accepte un suspense un peu trop étiré parce qu'il se lit dans l'irrésistible regard de Claudia Ohana, inoubliable héroïne du film "Erendira".
Dès lors que l'on reçoit "Les longs manteaux" comme un film privilégiant l'action et le dépaysement, il n'y a pas lieu d'être sévèrement critique... au point de lui "tailler un costard" !