Peut-être que nous serons heureux le jour où nous aurons de l'argent.
Peut-être que nous serons nous-mêmes le jour où nous donnerons les moyens aux hommes d'être des hommes.
Les lueurs d'un avenir plus doux sont celles qui se trouvent là où nous ne mettons plus les pieds. Ainsi, la question de l'avortement ne se posera plus tant comme un dilemme, mais d'avantage comme un thermomètre qui mesurera où nous en sommes dans notre perte de contrôle de nos vies. Nous pouvons discuter de l'avortement, mais nous ne pouvons pas émettre l'idée d'aider ces gens qui sont pauvres parce qu'il y a des riches. Pauvres, qui avortent parce qu'ils sont pauvres et pas spécialement parce qu'ils souhaitent conserver un quelconque confort.
Qui est donc victime, l'enfant mort, ou ses parents aliénés par la peur de perdre un toit de gruyère, de perdre leur misérable place dans la société. Ils sont intégrés, donc ils sont ce qu'on leur demande d'être, des bons payeurs. Non pas de bons humains.
La religion, ici n'a rien d'une plaie. La tradition est lisible par la présence de ces enfants qui courent dans les salons des différents appartements qu'ils habitent. On comprend que pas besoin de leur faire de discours à ces êtres-là ; ils sont là et ils sont la garantie d'une paix vivace et universelle. Les enfants sauvés de l'avortement s'opposent à la vie stable et au service du projet contemporain commun, le succès matériel des individus.
Cette image simple, humble, qui s'efface derrière les dialogues du quotidien. Ce pays abîmé et habité par un temps aux allures de calme éternel. Le malheur nous a gagnés.
Les Lueurs d'Aden, ce n'est que la démonstration de l'aliénation à cause de l'idéal, la misère à cause du mensonge.