Big City Lights
Il est facile de réduire ce City Lights à sa bouleversante scène finale. Elle le vaut bien cependant tant elle se fait la synthèse de ce que le cinéma muet a de meilleur. L’absence de parole est...
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Les Lumières de la ville est connu pour le refus de Chaplin de faire un film parlant. Il se moque de cette invention dès les premières minutes, ou les personnages essayant de parler n'arrivent à faire sortir de leurs bouches qu'une sorte de bruit étrange, qui ne s'apparente en rien à un langage. Le langage, pour Chaplin, c'est ce que l'on observe, c'est cela le cinéma : l'art de montrer, avant tout, par des images.
Quant au film lui-même, il est très réussi : Chaplin en dit beaucoup avec très peu d'éléments : la simple expression de visage de Chaplin, appréhendant la réaction de l'ancienne aveugle à la fin du film, en dit long sur les rapports entre l'homme et son propre physique, la peur de décevoir, la volonté de plaire, de satisfaire comme fin en soi.
C'est sans aucun doute-là l'une des meilleures œuvres de Chaplin, un film situé quelque part entre désolation et enthousiasme, entre cynisme et optimisme. Certes, Chaplin ne réussit pas à gagner le match de boxe, il ne réussit pas à établir une amitié stable avec un homme qui ne le reconnait plus (n'est-ce pas ce qui peut nous arriver à tous, qu'un jour, un ami cesse de nous accueillir?), mais il n'a de cesse de garder le sourire, puisqu'il garde l'espoir de satisfaire sa belle.
La fin du film est merveilleuse puisqu'elle est ambiguë, le film se termine par des retrouvailles étranges, placées sous le signe de la surprise pour l'un et de l'appréhension pour l'autre, sans trop se décider sur le futur de la relation entre ces deux êtres. On ne sait si la femme essaye de cacher une déception, ou si son regard témoigne simplement de la surprise qu'entraîne ces retrouvailles inattendues, autorisées par la beauté du cinéma. Comme Charlot, nous ne savons pas ce qu'elle pense, tout comme jadis la femme ne savait pas ce qu'était Charlot. Et le film s'arrête là, car, comme le personnage, le spectateur ne peut qu'observer, et espérer, face à un futur qui lui est étranger.
Là est bien sur la force de Chaplin : Brosser le portrait de personnages aux vies assombries par la société qui les a accablés,mais qui s'illuminent perpétuellement d'optimisme et de rire, valeurs constituant "les lumières" qui elles seules permettent de lutter face à "la ville", désignant par métonymie la société dangereuse et cynique.
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Créée
le 30 déc. 2016
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