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Serge Brussolo est un auteur aussi prolifique qu'original et talentueux, avec plusieurs centaines de romans à son actif. Pourtant il n'y a eu pour le moment que 3 adaptations faites à partir de son œuvre : Les enfants de la pluie, Les emmurés et ces lutteurs immobiles.

Ce dernier est en fait un téléfilm fait par France 3 à la fin des années 80! En découvrant cela, j'étais déjà pas franchement emballé, mais ce que j'ai vu était au-delà de toutes mes craintes. En fait il faut comprendre sous-téléfilm de France 3 (tourné avec le budget casse-croute d'un reportage télé) cherchant à tout prix la parodie involontaire de la SF.

Examinons plus en détail ce déchet : dans un futur proche la société de consommation est remplacée par la société de "conservation", où les objets doivent désormais être rationalisés à l'extrême, avec interdiction de s'en débarrasser avant la date limite. L'ennui, c'est que ce futur dépeint est visuellement ringard avec ses décors moches, son école ou visiblement grâce une faille spatio-temporelle on a le look des années 1890 et ses touches SF "futuristes" mais surtout cheap jusqu'au ridicules :
- les gardes avec leurs tenues d'aluminium,
- leurs voitures ultra modernes : en fait des Espaces avec un ordinateur de l'époque affublé d'une voix de femme ultra agaçante
L'histoire se passe sous un système totalitaire sans doute devenue méchante à force de vivre dans la misère : en plus des tares expliquées plus haut, je dois mentionner le centre de recherches du docteur Frankenstein qui ressemble à une chambre d’hôpital de 3ème zone, le fonctionnaire culturel qui sert d'agent au héros peintre puis après se recycle en superviseur de Frankenstein, le ministre de la culture, visiblement bon marché, qui autorise une exposition puis doit se faire convaincre par un membre du public pour reconnaître que c'est "subversif"...

Chaque image fait penser à un clochard tellement c'est pauvre, ça hurle sa misère et c'est très gênant. Je ne sais si c'est dû à la qualité de l'enregistrement ou s'ils ont fait cela en lumière naturelle (comme ces soi-disant reconstitutions de faits divers qui remplissent les après-midis). En tout cas si on me dit que c'est une bande de potes qui a tourné cela en 2 jours sans budget, je veux bien les croire. Enfin les scènes "d'action" anémiques dans une ancienne carrière feront passer n'importe quel post-nuke fauché italien des années 80 pour Mad Max!

Sinon pour le scénario (ou Brussolo est crédité), c'est dans les grandes lignes la trame du roman, mais contracté pour faire 58 min là où une adaptation digne de ce nom (c'est-à-dire qui aurait été supportable) aurait fait 2h. Tout est schématisé : on a des pauvres cobayes victimes des savants fous de l’état totalitaire, le tout agrémenté de barbares pour tenter de les détruire. Les réflexions, les portes ouvertes, les rebondissements du livre sont passés à la trappe (tout comme les scènes les plus dérangeantes). Par ailleurs il faut noter que le héros est ici emprisonné pour avoir juste montrer son tableau de pomme à son exposition et non comme dans le livre pour avoir cassé plein d'objets de rage après une beaucoup plus subtile progression psychologique.

Sinon comme on est dans un téléfilm, attendez vous à une réalisation de téléfilm : tourné de 2 à 4 fois plus rapidement qu'un film (qui a dit bâclé?), sans saveur, sans particularités, sans style, par un tâcheron, et avec un rythme dépendant du rapport entre la quantité de scénario et le format à respecter. Ici, malgré l'histoire très dense, je me suis ennuyé quand même par manque de rythme. Ah si le réalisateur a trouvé un effet de style : l'ellipse! (Par exemple on passe directement de la décision des autorités de prendre le héros comme cobaye à son réveil de la salle d'opération).

Mais si André Dharawi doit être condamné, c'est pour avoir participé (d'après le générique) à la création de la chanson du téléfilm "les objets sont nos enfants" insupportable! D'ailleurs toute la BO est à jeter car trop grand-guignolesque. Lorsqu'une scène forte est illustrée par cette horreur, les seuls sentiments possibles sont la souffrance, la gêne ou le fou-rire nerveux (ou plusieurs de ces sentiments en même temps).

Pour finir : le casting. Bernard-Pierre Donnadieu se lance à fond dans le cabotinage grotesque avec son regard d'illuminé puis ses gestes ridicules lors de sa "transformation" finale (alors que je pensais sérieusement qu'il ferait comme par ailleurs très bien son travail). Le reste fait plus penser à Plus belle à la vie (le côté potiches de l'île de la tentation en moins) ou "scripted realities" pour son côté très amateur.

Voilà je pense avoir tout dit de cette gemme oubliée à ne redécouvrir que pour des mauvaises raisons : pour fans hardcore de Brussolo ou amateurs de nanars de SF français.
Jibest

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