Ce qui fait l’originalité, et donc la valeur des Magnétiques est la façon avec laquelle il aborde l’historique par le prisme de l’atmosphérique : la caméra semble flotter dans les airs, suffisamment légère et mobile pour sauter d’un lieu à l’autre, d’un pays à l’autre. Le travail sonore crée un microcosme organique qui nous intègre et suscite en nous des émotions, voire réveille des souvenirs au moyen des chansons ou des ondes magnétiques qui résonnent – la séquence de première diffusion à l’étranger, au cours de laquelle Philippe fait pendre les micros et entendre au monde ses sons, compte parmi les plus belles d’un long métrage surprenant, love story et désillusion à la fois qui creuse l’image mythifiée de la France de Mitterrand pour en révéler les aspérités.
La réalisation multiplie les trouvailles sans jamais paraître clinquante ou chercher à le devenir ; modération et talent se conjuguent, de la même façon qu’elles s’incarnent en Philippe, amoureux qui vit ici un récit d’apprentissage et trouvera, à terme, les moyens de déclarer sa flamme, des moyens au carrefour de la parole et du sonore. Les acteurs sont tous excellents et contribuent à l’incandescence générale – « ça brûle, ça brûle encore », entend-on sans cesse. Premier (grand) film de Vincent Maël Cardona : à suivre !