C'est dans l'encapsulation de l'atmosphère d'une époque riche d'espérances vite déçues que Les Magnétiques captive le mieux. Cette flamme des années 80, après l'élection de Mitterrand, est on ne peut plus présente dans un film romanesque, apprentissage d'un jeune homme qui n'est pas un mâle alpha (sic) mais un garçon timide et taiseux, passionné de sons. Radio pirate, service militaire, vie dans un trou perdu de province et émois sentimentaux : le récit d'initiation est en place, un peu trop sage peut-être, hormis lors d'une séquence virtuose dans un studio berlinois. Le réalisateur, Vincent Maël Cardona, à l'image du héros de son film, n'est pas du genre démonstratif et, dans un sens, cela le dessert, les thèmes abordés étant plus effleurés qu'approfondis, notamment les relations entre le frère aîné et son cadet, introverti, ou encore avec le père. Dans Les Magnétiques, il y a des élans réprimés, des moments d'épiphanie de courte durée et la frustration de ne pas savoir ce que va devenir son personnage principal. Mais le film a le charme évanescent des œuvres pudiques qui ont le bon goût de ne rien surligner, ce qui est rafraichissant, et réussit à capter l'essence de la jeunesse, toutes époques confondues, cette combinaison complexe d'insolence et d'irrésolution. Avec des acteurs encore peu connus et très convaincants : Thimotée Robart, bien sûr, mais aussi Marie Colomb, qui mérite le qualificatif de magnétique.