A peine arrivée dans un petit village de Sicile, une institutrice est draguée de manière insistante par un homme qu'on retrouve mort sur la grande place, assis sur une chaise et avec une rose blanche dans la bouche. Du coup, tous vont avoir peur de cette femme dont certains pensent qu'elle serait liée avec la mafia...
Dans la dernière ligne droite de sa carrière, Luigi Zampa réalise un film assez étrange, opaque même, mais qui suscite un réel intérêt ne serait-ce que par l'ambiance qu'il dégage. Car l'institutrice jouée par Jennifer O'Neal, qu'on a tous aimée dans Un été 42, est montrée comme une femme sans histoire, et qui peu à peu, à son corps défendant, va susciter la crainte autour d'elle, car d'un seul coup, les hommes qui s'approchent un peu trop autour d'elle meurent, avec toujours ce même modus operandi. La scène est parfois grossière, on voit très bien que ce sont des mannequins, mais ça participe à l'étrangeté de ce très bon film.
D'ailleurs, le casting est une de ses grandes forces avec Franco Nero période moustache qui joue également un instituteur avec qui O'Neil va avoir une liaison (ce qui donnera lieu à une très belle scène de danse où ils sont nus), ainsi que le maire joué par non moins que James Mason. Un homme plus intéressant qu'il n'y parait sous ses airs bougons et qui pourrait être la clé de cette histoire rocambolesque où on a l'impression de faire du surplace, mais qui bouge beaucoup en fin de compte. Et toujours avec cette femme qui serait une Zelig en puissance.
L'autre grande qualité, outre cette sublime image solaire, est la musique signée Ennio Morricone, qui donne aussi une tonalité étrange à cette histoire, où l'hypocrisie se mêle à des secrets bien enfouis. En tout cas, c'est encore une réussite signée Luigi Zampa, après deux autres films que j'aime énormément, Il vigile et Le gynéco et la mutuelle.