Il est certain que Le Cauchemar de Dracula (1958) est l’un des films les plus emblématiques de la Hammer, faisant entrer le cinéma d’horreur dans une nouvelle ère et donnant au plus grand des vampires l’un de ses visages les plus célèbres. Envisager une suite paraissait être une entreprise périlleuse, mais c’est bien ce qui arriva avec Les Maîtresses de Dracula.
Tout d’abord, parler de suite pour qualifier Les Maîtresses de Dracula vis-à-vis du Cauchemar de Dracula est délicat, le vampire dont le nom figure dans le titre du film étant ici absent pour des raisons assez évidentes, mais celui-ci étant également à peine évoqué. Ce film semble quelque peu faire table rase du passé pour offrir un nouveau film de vampires en se dissociant d’une figure emblématique, dans une démarche faisant alors penser davantage à un spin-off qu’à une véritable suite. On retrouve toujours la même amorce, avec, cette fois, une jeune femme en voyage pour un pensionnat où elle doit travailler, qui se voit prendre une route où les vieilles légendes effraient les locaux, qui lui indiquent régulièrement de prendre la fuite.
L’apparition d’une dame d’un certain âge, aussi élégante qu’inquiétante, dont l’arrivée se retrouve accompagnée de coups de tonnerre, va rapidement attirer l’attention sur elle, laissant présager de sombre desseins et un piège pour Marianne, la jeune femme. Cependant, les choses ne vont pas être aussi simples, et ceux qui paraissaient coupables vont finalement s’avérer victimes, et inversement. Les Maîtresses de Dracula tente de proposer une nouvelle histoire de vampires, s’émancipant de la figure magnétique de Dracula pour offrir une histoire originale où règnent malédictions et trahisons.
Le premier acte, qui se déroule dans le village puis dans le château, montre sûrement les meilleurs moments et les meilleures idées proposées par le film. Ce sens du cadre, avec cette immense salle à manger, ces plans où Marianne observe depuis son balcon, en contrebas, un homme isolé, avec l’impression que les murs se jettent dans une abîme sans fond, dotent le film d’une atmosphère très particulière, mettant en lumière tout le savoir-faire des artisans œuvrant pour la Hammer. La seconde partie du film versera cependant dans quelque chose de plus classique, tentant d’ériger un nouveau seigneur-vampire qui avait plus de prestance dans son état normal, même si la manière dont il est amené dans le film est intéressant.
Le retour de Van Helsing sous les traits de Peter Cushing remet le spectateur en terrain connu, créant également un pont avec le premier film. Celui-ci sera naturellement encore plus poussé dans ses retranchements, devant ruser et puiser dans ses réserves pour tenter de vaincre un ennemi encore plus mortel et imprévisible. L’enjeu des Maîtresses de Dracula était d’exister et de trouver sa place en l’absence du célèbre vampire, même si cela reste difficile, rien qu’à la lecture du nom du film. La réalisation signée Terence Fisher reste toujours une valeur sûre, tout comme Peter Cushing en Van Helsing. Le scénario et l’intrigue, quant à eux, ont plus de mal à convaincre, ce qui rend ce film plaisant, mais aussi victime de la continuité dans laquelle il a été intégré.
Critique écrite pour A la rencontre du septième art