Lara Croft, soixante ans plus tard
Martha et son trio de choc, Lisi, Hanni et Frieda, prennent un jour conscience que la liberté ne s'use que si l'on ne s'en sert pas. Ce n'est donc pas parce qu'on a déjà trois quatre rides que l'on ne fera pas ce qui a été décidé. Aussi sec, elles ouvrent un magasin de lingerie fine. Au cœur de la patrie de l'emmental, entre l'église et la fromagerie. Mais c'est sans compter l'opposition des hommes, maire, pasteur et directeur de la chorale en tête, qui eux au moins ont des idées saines et une morale irréprochable. Enfin, en apparence.
Voilà pour le décor. Ensuite ? Bettina Oberli a dû penser qu'il suffisait d'avoir une histoire de slips et de sous-tifs. C'est peu dire que c'est peu. Distribué en Suisse par Buena Vista qui avait flairé un bon filon, le film a connu un énorme succès dans sa région d'origine. Il est vrai que les comédies en dialecte ne sont pas légion et que le synopsis avait tout pour toucher la corde sensible de citadins raffinés. Après tout, ils ne sont jamais que les descendants de campagnards rudes et costauds.
Donc, pendant 90 minutes, on s'amuse. Un peu. Peut-être même que l'on se surprend à rire. Stéphanie Glaser, la mamie coquine, sait en tout cas y faire. Au cours d'une vie de cabaret, d'émissions télévisées à succès et de petits rôles, elle a peaufiné sous son air bon enfant un personnage à la fois sarcastique et attachant.
Pourtant, malgré son énergie, la frêle octogénaire n'arrive pas à rendre le film un tant soit peu léger. On dirait qu'elle et ses comparses portent chacune une énorme meule d'emmental sur leurs épaules. Parce que, du point de vue du scénario, l'histoire progresse à l'allure d'un attelage de bœufs et avec la grâce éthérée d'un char à fumier. Et que, cinématographiquement, "Les mamies ne font pas dans la dentelle" est digne d'un téléfilm colorisé des années soixante, tendance terroir.