Riverdale est un nom de ville assez connu aux Etats-Unis, qui se retrouve fréquemment dans certaines oeuvres telles que les BD Archie. Mais ici, pas d'adolescents bien coiffés, mais des mangeurs de cerveau.
Glenn et sa fiancé Elaine se baladent en forêt quand un éclat lumineux les interpelle. En s’en rapprochant, ils constatent des animaux morts. Et une étrange création métallique en forme de suppositoire, mais de dimension géante. Un sénateur et son assistant mènent l’enquête, assistés du Dr Paul Kettering, le scientifique local (puisqu’il a une pipe), de Glenn, et de quelques autres personnes. Le Dr Kettering a pu entrer dans la structure, il n’y avait rien. Glenn relate plusieurs morts inexpliquées ces derniers temps, avant que tout le monde se rende au bureau du maire, qui avait disparu. Il est revenu, et n’est guère en forme. Il meurt, et à sa nuque, deux lésions…
Cette menace venue d’ailleurs peut donc contrôler les hommes. Preuve nous en sera faite plus tard. Le mal est installé, et peut contaminer le reste des autres personnes. Il a déjà été dit à d’autres occasions que la science-fiction, fût-elle cheap, était aussi le reflet de son temps. Et la paranoïa du film peut, sans difficultés, être comparée, à celle contre le communisme avec cette paranoia des agents infiltrés.
A sa sortie, le film fut poursuivi pour plagiat par Robert A. Heinlein, qui y voyait une copie de son roman Marionnettes humaines, paru en 1951. Le litige se régla à l’amiable, mais les sources diffèrent. Certaines parlent d’un versement en argent de 5 000$, une somme à l’époque, et d’autres d’un montage altéré, en plus. Cette dernière option semble crédible, quand on voit le film, qui peut passer d’une scène à l’autre de façon abrupte. D’autant plus que l’explication passe de la menace extraterrestre à une autre nature, dans un curieux revirement qui pourrait être celui de distinguer le film du livre.
Quoi qu’il en soit, The Brain Eaters, ce n’est pas du Grand Cinéma. C’est encore un film fauché produit par Roger Corman, avec tout ce qu’on peut attendre d’un tel film, pour la plus grande joie d’amateur de bis.
Même en excusant de possibles problèmes de montage liés à cette affaire juridique, The Brain Eaters ne donne pas vraiment l’impression de savoir où il va. Passée le mystère des premiers temps, son histoire devient confuse. Sa conclusion est expéditive, n’apportant pas de réponse à des questions parfois soulevées juste avant, comme le sort de tels personnages. Le mystère de ce vaisseau intrigue, mais les agissements des créatures possédées sont à la limite de la crise de rire. Ils se promènent, hagards, tenant dans leurs mains des bocaux à poissons, sauf qu’ils contiennent ces mystérieuses et dangereuses créatures.
Ces bestioles de l’espace ou des profondeurs terriennes, peu importe, selon nos critères, elles seraient trop choupis. Ce sont des boules de poils avec des sortes d’antenne. Ce sont des jouets à remonter, recouverts de poiles, avec des tiges pour nettoyer les pipes. C’est du bricolage, et malgré la dangerosité annoncée ça a l’air si inoffensif.
C’est une petite douceur régressive, comme le sont tant des films de genre de cette époque. Car ils ne s’interdisent rien, se moquent de leur budget tant qu’ils font un film qui aura l’air le plus sérieux possible. Il y a cette assurance naïve mais aussi tout le ridicule qui en découle, savoureux. The Brain eaters en fait partie. Il a, en plus du reste cité plus haut pour lui sa durée, un peu plus et l’enthousiasme pourrait avoir été égratiné. En moins d’une heure, et avec tout le ridicule de ce film fauché, il n’y a guère le temps de s’ennuyer.