Si la série House of Cards a pu faire croire au retour triomphal d’un genre peu en vogue en France, la fiction politique, force est de constater que les USA, à travers le cinoche et la télé, se sont largement interrogés par le passé sur les mécanismes du pouvoir et de la démocratie.
Mister Georges of Coffee a une véritable appétence pour le sujet ; après tout, n’est-il pas l’un des seuls dans le monde occidental à s’intéresser au Darfour ? N’a-t-il pas ouvertement soutenu Obama ? La politique c’est un peu son dada. Aussi étais-je très enthousiaste à l’idée de le retrouver aux manettes, d’autant qu’il avait eu la bonne idée de prendre Gosling à ses côtés pour explorer les arcanes du pouvoir.
Fondamentalement, le sujet est intéressant. Clooney est tout à fait crédible en candidat démocrate totalement bobo et fan d’une révolution à la Nicolas Hulot. Gosling fait le job en maitre à penser des médias au sein d’une équipe désireuse de propulser leur candidat sur le fauteuil principal du bureau ovale. C’est propre, intéressant pour peu que l’on regarde la politique avec une certaine appétence ; mais le souci est justement là. A aucun moment l’analyse ne dépasse le cadre des deux héros ; un Gosling idéaliste et un Clooney au final pas vraiment classe. Tout sent le souffre, on effleure les arrangements entres amis, on se tape de la stagiaire, mais on entre jamais vraiment au cœur des interrogations légitimes du pouvoir. Il ne s’agit pas de dézinguer la démocratie US, mais de montrer une fois de plus ses errements. Il ne s’agit pas d’attaquer le système, de le dénoncer, mais de constater et, d’une certaine façon, de légitimer la toute puissance de l’image et des arrangements de comptoir. La morale passe après twiter. Le système semble tellement bien ancré qu’il en devient froid, gerbant, mais fondamentalement efficace. House of Cards est autrement plus subversif même si son cynisme a un arrière-goût de bordel mal famé. Mais un bordel reste un bordel et on aime y revenir.
Ici, le film passe et peut vite s’oublier. La conquête, le pendant français qui s’est fait étrillé ici, est bien plus marquant et intéressant que cette copie sympa mais au final bien trop lisse malgré ce que le propos tente de suggérer. A force de se contenter du minimum, Clooney est passé à côté de quelque chose de vraiment percutant. La faute peut-être aux acteurs de talent qui semblent devoir porter tous seuls un scénario bien mince, mais au-delà d’une belle coquille, un fond un peu plus fouillé n’aurait pas fait de mal.
A noter que ce fut une joie de retrouver Gregory Itzin, alias le Charles Logan de 24h chrono ; merde, son côté nixonien paranoïaque m’avait manqué ! Enfin ce dernier est surtout dans mes souvenirs car ici, père sympatoche, il n’est quasiment pas exploité.
Parce que le casting est sympa, parce que le sujet m’intéresse, parce que je ne me suis pas emmerdé, parce que suis bien luné, je vais laisser un 6 très généreux. Mais merde. On pouvait tout de même espérer bien mieux.