Trois femmes qui n'ont a priori rien en commun... si ce n'est qu'elles sont harcelées par un vieux (ultra flippant) uniquement visible dans les photos ou les vidéos, et qui est toujours collé à elles... Il y a dans Les Maudites quelques airs de It Follows, mais on le préfère de loin à son prédécesseur par sa capacité à cacher son monstre et à nous le faire palper malgré tout (on devient parano du moindre bout de rideau qui volète), à nous faire attacher à ses héroïnes (magnétiques, et très investies) en découvrant leur vie intime (alors même que cela ne ressert pas plus tard, il s'agit juste de nourrir l'image du personnage, de nous le faire comprendre, ce qu'oublient souvent les films d'épouvante modernes : plus on aime un personnage, plus on a peur pour lui), à créer un revirement de situation surprenant, audacieux, en plein film. On a mis un moment certain à saisir ce qu'il se passait, quand le film décide soudain

d'arrêter la fin de sa narration pour nous faire le prequel, l'origine du lien entre les trois femmes maudites (on bascule donc vingt ans en arrière, d'un coup, et on a même cru que toute la première partie était une VHS que regardaient les élèves du cours de cinéma, mais heureusement on raccroche vite les wagons entre eux : le film ne nous prend pas par la main, mais nous fait vite comprendre les enjeux de son "prequel").

On n'a d'ailleurs pas compris les origines de la malédiction (il nous faudrait un deuxième visionnage), mais ses mécanismes de l'effroi fonctionnent du tonnerre, en balayant les jumpscares à ados du revers de la main et en favorisant les ambiances poisseuses et angoissées (on a décollé du fauteuil lors de la scène

du petit ami qui dit "Mais non, y'a personne.", qu'on voit le mec au fond, qui ne bouge d'abord pas, et qui se jette d'un coup sur l'ami... Boing.

), en choisissant un "monstre" au visage familier (un vieux papy aux traits sévères) qui fait d'autant plus peur qu'il se confond dans la foule des passants (on arrive parfois à le voir parmi les figurants, allez la parano, le retour...), et laisse surtout deux scènes finales assez pêchues. On repense à la scène de

lévitation de l'amie caméraman qui arrive d'un coup, au détour d'un dialogue anodin (on n'était pas prêt, l'effet marche encore plus), et cette fin à la Last Night in Soho (les femmes mortes de la main du tueur qui sont enfermées dans une chambre et gémissent sur la pauvre héroïne qui essaie de s'en tirer) qui reste en mémoire

. Les Maudites est une très belle découverte dans le paysage du cinéma d'épouvante, un film d'ambiance qui fait parfois bien frissonner, nous intéresse à l'enquête multiple sur "D'où sort ce vieux ? Pourquoi ces gémissements ? Pourquoi ces trois femmes ?", et n'oublie pas de nous faire aimer ses héroïnes (donc souffrir avec elles) face à ce vilain Papy qui fait de la persistance.

Aude_L
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