Cette jeune provinciale ambitieuse, bientôt victime de ses liaisons parisiennes compromettantes, est une héroine spécifiquement romanesque directement issue de la culture littéraire d'Alexandre Astruc. Mais que le film est pénible et artificiel malgré sa réputation flatteuse d'annonciateur de la Nouvelle Vague.
En premier lieu, ce Rastignac au féminin interprété par Anouk Aimée semble parfaitement incohérent. Comment croire à l'ambition de Catherine quand celle-ci traine tout au long du film ses airs godiches de jeune fille romantique, ses mouvements apathiques et ses expressions de vierge effarouchée qu'elle n'est pas? Si ce contraste est volontaire de la part d'Astruc, on n'y croit pas. Et que dire de l'interprétation affectée d'une Anouk Aimée exaspérante? Menée comme un récit policier (Catherine subit d'ailleurs un interrogatoire en bonne forme concernant une vague histoire d'avortement) à coups de flash-back, l'évocation de la réussite parisienne de la jeune femme manque singulièrement d'envergure, sur forme comme sur le fond, coincée entre les poses de bellâtre de Jean-Claude Pascal et une vision terne de la bourgeoisie parisienne.
Et puis, il y a la mise en scène d'Astruc, ses mouvements de caméra sophistiqués et tape-à-l'oeil (il est l'inventeur de l'expression "caméra-stylo"...), ses éclairages douloureux qui ne donnent pas davantage de crédit et de vérité au sujet. En cela, le film rejoint la "qualité française" justement décriée.