Pasolini fait partie des réalisateurs autour desquels je comprend parfaitement l'engouement. Il ne se contente pas de faire des films excellents, il fait des films impressionnants. C'est assez bluffant un tel sens du gigantisme, dans les émotions, dans la réalisation technique du film et dans le fait d'adapter l'inadaptable (Sade, Saint Matthieu, les 1001 nuits… punaise j'ai hâte de voir Sophocle).
Les Mille et Une Nuits est donc l'adaptation de plusieurs contes de l'ouvrage éponyme. Enfin j'imagine, je ne soupçonnais pas du tout que la sexualité pouvait avoir une place si importante dans ces derniers (d'autant qu'on en a étudié des extraits au collège). Je ne sais pas à quel point Pasolini s'est autorisé des libertés, mais on a encore une fois ici le passage au cinéma de récits forts, qui fascinent déjà en tant que tels, avec leur côté fabuleux, leurs personnages aux traits fortement déterminés… Mais Pasolini arrive à sublimer ces histoires majeures de notre humanité à un tel point… Les décors, les couleurs sont fabuleusement construits et filmés, les personnages déambulent à l'intérieur comme dans des fresques. Des gens qui ont un vrai physique et un jeu de qualité, filmés sans artifice et d'une manière tellement humaine… Quelques trucages façon MS Paint avec des fonds verts digne des pires nanars sont évidemment présents, mais pour moi c'est presque une qualité. Cette manière que Pasolini a de vouloir mettre à l'écran même le plus improbable, comme les miracles dans l'évangile.
Les histoires ont une excellente variété, je n'ai jamais cessé d'être amusé tout du long. Et même si certaines sont plus graves, ça fait plaisir de voir un film où la sexualité est aussi positive, joyeuse. Les corps sont magnifiques et l'érotisme fait le travail subtilement, aucun acte n'est réellement filmé on est plus sur du frotti-frotta. La beauté des corps et décors (mdr) fait qu'on est complètement transporté dans cette époque et ces lieux qui font voyager. Le fait de filer la première histoire tout du long et le renouvellement constant des contes sont de très bons choix pour garder le spectateur immergé.
En somme, un film beaucoup trop généreux qui parvient à mettre en image l'inadaptable. Un récit joyeux, subtil, onirique et érotique... comme les 1001 nuits. Merci Pasolini.