Les Animerama sont une trilogie de films japonais tournés entre 1969 et 1973, tous produits par Osamu Tezuka (auteur d'une œuvre pantagruélique, comprenant des courts-métrages expérimentaux comme Le saut) et réalisés par Eiichi Yamamoto. Les Mille et Une Nuits est le premier d’entre eux et constitue le démarrage du cinéma d’animation pour adultes au Japon. Ouvertement inspiré du recueil persan et indien des Mille et Une Nuits, il porte une vision de l’animation et un style très originaux.
Assez cynique, le film traite de choses crues sur un ton badass : la prison, la torture, sont représentées sous une forme allégée, avec un état 'décontracté' même dans les situations les plus borderline. Au lieu de mettre l’accent sur la gravité des situations, Yamamoto installe un climat extravagant et diffuse de la musique rock. Lui et son équipe façonnent un univers très riche, où se répand une sexualité figurative et hallucinée. Le jardin est désirs est aussi inventif et généreux qu’un Urotsukidoji ; moins virulent, évidemment, ce dernier étant proche du hentai et du gore.
La sexualité prend souvent des proportions vagues ou mesurées lors de ses nombreuses irruptions ; et est paradoxalement plus épanouie dans les séquences d’abstraction ultime. L’opus suivant, Cleopatra, sera plus explicite dans ses démonstrations, mais l’accent potache mis par Tezuka ne vaut pas les fulgurances de Yamamoto (confirmées sur Belladonna, le dernier opus). Comme dans celui-là en revanche, les dessins sont de qualité mais le scénario assez bancal.
De plus, les gadgets et les références sont matures, mais le trait reste superficiel et, c’est contradictoire mais c’est ainsi, somme toute très enfantin. Il y a des manques sur le fond, qui entament l’intérêt – et que l’effusion compense mais n’annule pas. Ce premier opus a cependant plus de vision que son successeur et surtout il a doublement valeur de pionnier. D’abord, en tant qu’anime pour adultes ; mais aussi en tant qu’objet psychédélique au cinéma, tout court.
Il est tôt, nous sommes en 1969, à l’aube de la décennie fourmillant de pépites et tentatives psyché ; et à cette tendance naissante de l’époque, ces Mille et Une Nuits ont pour supplément d’âme tout un univers oriental, l’inventivité débridée et le brio à créer des ambiances sensuelles de Yamamoto et Tezuka. Ça fait une somme d’exotismes inespérée. Le film sera un succès commercial, les deux suivants pas tellement, l'exploitation confuse à l’étranger en rajoutant dans ce sens.
https://zogarok.wordpress.com/2016/04/24/les-mille-et-une-nuits-1969-yamamoto/