Si le volume 1, l’inquiet, se focalisait principalement sur une vision réaliste de l’état de récession du Portugal entre 2013 et 2014, le volume 2 est beaucoup plus symbolique. Trois récits viennent donc compléter les autres. La « Chronique de fugue de Simao « sans tripes », où l’on suit un assassin en fuite et traqué, puis « Les larmes de la juge » et enfin les péripéties du chien Dixie et ses nombreux maîtres.


L’histoire de Simao est de loin la plus esthétique et poignante, cet homme dont on ne connaît que peu de choses appelle de suite notre empathie malgré ses crimes, Gomes le filme comme une victime d’un système, non pas sociétal, mais simplement de la vie. La nature luxuriante et un peu hostile vient refléter sa propre personnalité, son combat pour la survie de son intégrité est vain mais il avance envers et contre tous. Magnifiquement filmé cet épisode aurait pu être toutefois raccourci.


Là par contre où Gomes touche au génie c’est bien avec « Les larmes de la juge ». Cela commence de manière très laconique par le jugement d’une affaire de vols de meubles. Le tribunal est une arène. Et c’est un combat qui va peu à peu se mettre en place. Les coupables n’étant pas les seuls accusés, le délit étant plutôt le fait d’une réaction en chaîne. Gomes se veut accusateur, dans cette crise qui touche toutes les classes sociales chacun se cache derrière un coupable idéal, pour mieux camoufler sa propre responsabilité de l’effondrement des institutions. C’est brillant, extrêmement fort dans le texte comme dans le jeu.


Quant à Dixie, le chien aux yeux si tristes et débordant de gentillesse, il est un lien affectif dans une cité où le désœuvrement fait loi. Des maîtres qui le recueillent, aux habitants de la tour, Gomes brosse en quelques maux, les stigmates de la misère, solitude, chômage, sida, drogue, racisme… tout en amenant une note d’espoir finale salutaire.


Beaucoup plus lisible que « L’inquiet », ce volume 2, même s’il est inégal en intensité, se veut plus proche de la fiction métaphorique, et donc d’une forme cinématographique classique. Il donne de fait l’impression d’être plus structuré, se rapprochant de l’ambition initiale, celle du conteur.


C’est donc avec beaucoup d’impatience que l’on attendra les ultimes récits de Schéhérazade.

Fritz_Langueur
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le 17 août 2015

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Fritz Langueur

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