Autant remettre dans son contexte un film datant de mon enfance est déjà quelque chose de difficile, mais si on y ajoute un film qui fêtera très bientôt ses 75 ans, cela se corse un peu.
Les Mines du roi Salomon, c'est avant tout une aventure, certes imprégnée des mœurs de l'époque, mais sans tomber dans le dédain de la gente féminine. Non, ici le "héros" accepte sa mission en échange d'une grosse somme d'argent, sans motivation morale particulière a l'exception de son fils qu'il mentionne pendant une seconde. Le traitement du personnage féminin évolue dans le bon sens : elle finit par se lier au "héros" malgré son objectif initial, mais on sent que ce couple se forme par un respect mutuel. C'est une femme plus forte qu'il n'y paraît, même si tout le monde ne sera peut-être pas d'accord.
Mais ce qui ressort le plus de cette aventure, ce sont les divers messages sur notre rapport à l'inconnu et à la nature. Certaines images sont encore impressionnantes aujourd'hui, qu'il s'agisse de la faune africaine ou des tribus locales. L’histoire se déroule avant le début du XXe siècle, à une époque où cette partie de l'Afrique restait inexplorée et cela apporte une certaine magie aux images. J'espère qu'il existe encore aujourd'hui des zones aussi préservées. Le film ne s'appuie pas beaucoup sur la musique, mais l'ambiance de la jungle est palpable : les cris des animaux, le bruit assourdissant d'une cascade, le silence d'un désert, les bruits de pas sur toutes sortes de surfaces... C'est très immersif, même encore aujourd'hui.
La fin du film nous interroge sur notre volonté systématique d'exercer du pouvoir, d'avoir un impact sur le monde qui nous entoure. Parfois, il vaut mieux laisser les choses se dérouler sans notre intervention, même si notre vie en dépend. C'est une conclusion pleine de sagesse, et cela fait du bien.
Dans les cinq dernières minutes du film, un combat entre deux indigènes éclate pour mettre fin à la rébellion d'un peuple sous un régime tyrannique. La coutume de ce peuple inconnu de l'homme moderne, est de régler les conflits par un duel entre le chef et son éventuel successeur, afin d'éviter de lourdes pertes. Face aux événements actuels, je vous pose la question : préférez-vous une révolte d'un jour, avec peu de pertes humaines, ou une lutte incessante, provoquant de nombreux dommages collatéraux ? Vous avez trois heures....non 3 minutes en fait !
Je vous recommande Les Mines du roi Salomon, non pas pour sa culture ou même pour son histoire qui se veut simpliste, mais pour le voyage qu'il propose et les questionnements qu'il pourra peut-être susciter en vous.