A sa sortie en 1950, Les Mines du roi Salomon avait cela de spectaculaire qu’il était intégralement tourné en extérieur. L’occasion de proposer une Afrique non pas fantasmée mais réelle, et donnant lieu, de fait, à une véritable aventure pour sa mise en scène. Assurée par un duo de réalisateurs à la filmographie bien maigre, cette mise en scène se révèle malheureusement trop plate. Hormis une ou deux séquences plutôt spectaculaires (notamment celle de la fuite des animaux face à un incendie), les superbes paysages sont trop souvent le seul objet d’aventure de ce film. Or filmer la savane, deux tribus, des animaux exotiques, la jungle et d’autres indigènes ne forment pas un film d’aventures.
On comprend bien que l'aventure réside dans le périple des personnages, lequel fait aussi certainement écho à celui vécu par les cinéastes pour tourner leurs séquences. Cependant, en toute honnêteté, il se passe peu de choses tout au long du film. Ici un fauve dangereux, d’accord, là une tribu menaçante, OK, là-bas un soleil écrasant, bien sûr, mais la quête des explorateurs n’est jamais vraiment un enjeu palpitant et la quête intérieure de chacun des personnages bien trop conventionnelle pour leur donner un véritable relief. Trop de séquences s’apparentent à un simple documentaire (les longues scènes montrant les coutumes des diverses tribus, les prises de vue d’animaux de toutes sortes) dont les péripéties se répètent parfois maladroitement (trois séquences de serpents se suivent quasiment).
L’ensemble est donc globalement décevant et éloigné du souvenir que j’en gardais. Il reste le charme de ces films d’époque et la présence de Stewart Granger mais on aurait aimé une quête plus palpitante, davantage de péripéties (les situations ne manquaient pourtant pas) et une romance moins convenue. La fin illustre parfaitement ce parti-pris personnellement regrettable. Au lieu d’exploiter le contexte de la mine enfin découverte, le film se focalise sur un combat des chefs dans une tribu, signe que la production a été davantage grisée par le folklore local que par la volonté de raconter une histoire plus emballante. Un sympathique témoignage mais trop paresseux pour égaler d’autres classiques du genre même si celui-ci a constitué une boussole pour bon nombre de ses successeurs.