Les Misérables est un des romans les plus populaires de Victor Hugo (1862) et aussi un de ses plus adaptés, que ce soit en France ou à l'international jusqu'à tout récemment (la mini-série de 2018 produite par la BBC). La même histoire évoquée moult fois, de diverses manières possibles (adaptation littérale ou musicale). Le principal aspect qui fait que l'on se souvient de telle ou telle adaptation est en fait le casting. Autant dire que l'adaptation de Robert Hossein avait de quoi faire : Lino Ventura en Jean Valjean, Jean Carmet et Françoise Seigner en Thénardier, Michel Bouquet en Javert, Evelyne Bouix en Fantine, Christiane Jean en Cosette et même des guests comme Roger Hanin, Emmanuel Curtil, Denis Lavant ou Paul Préboist.
De même, le film est une entreprise colossale, budget équivalent à celui de Tess de Roman Polanski (soit une bonne cinquantaine de millions de francs à l'époque, ce qui revient à environ 11 millions de dollars visiblement). Un budget qui ne se voit pas toujours dans la réalisation du film, Hossein optant pour une réalisation très classique durant une bonne partie du film. En revanche, il se lâche dans la partie se déroulant durant l'insurrection républicaine de juin 1832. Hossein signe une bataille sanglante, n'ayant pas peur de montrer des morts en pagaille (du côté de l'autorité comme des manifestants) avec bons nombres de ralentis. Ce qui fait un peu penser à ce que fera Laurent Boutonnat sur le dyptique clippesque Libertine / Pourvu qu'elle soit douce (1986-88). Les Misérables gagne donc de l'ampleur vers son final, ce qui ne l'empêche pas d'être une adaptation fidèle et passionnante.
D'autant que le casting est également une des forces du métrage. Ventura est incroyablement charismatique en Valjean, rôle qu'il avait initialement refusé car il ne voulait pas passer après de grandes stars l'ayant incarné et qu'il ne voulait pas faire de films à costumes. A force d'insistance, Hossein avait fini par le convaincre et l'acteur s'est véritablement investi dans son rôle, ce qui se ressent à l'écran.
Les Misérables sera un succès de 3,8 millions d'entrées et la preuve qu'Hossein avait bien fait de parier sur Ventura. En sachant qu'il existe deux versions : la version cinéma déjà conséquente de 3h40 et la version télévisée coupée en quatre parties pour un total de 4h10.