Difficile d'écrire une critique d'un film qui n'annonçait pas de bonnes choses à la vue des notes médiocres, mais qui avait de quoi susciter l'intérêt, s'agissant d'une adaptation de l'oeuvre phare de l'un des plus grands écrivains français.
Bien que plusieurs temps soient distincts, je crois que ce sont avant tout les personnages qui sont ici à décrire (risque de spoilers).
Inutile de le dire, le personnage de Jean Valjean est le coeur de l'histoire, son âme et probablement la personne à laquelle on s'attache le plus. Misérable, pouilleux et sale, il met un terme à ses 19 années au bagne en faisant son premier tête-à-tête avec Javert, garde dévoué par dessus tout. Je ne pourrai pas vous dire quelle bonne surprise j'ai eue en voyant Hugh Jackman - que j'imaginais surtout avec ses longues griffes de Wolverine - transmettre autant d'émotion. Chaque scène, chaque chant (pour n'en retenir qu'un, "Who am I ?") est porté de pathos. On passe du crucifié de départ (scène avec le mât) à un maire aimant, et dont la bonté prime partout, que ce soit en aidant Fantine, en adoptant Cosette ou en sauvant Marius.
Mais, si le jeu de Hugh Jackman est incontestable en tant que Valjean, que peut-on dire alors d'Anne Hathaway, qui malgré une apparition plutôt courte par rapport à l'ensemble du film a excellé sur tous les points. Je ne vais qu'énoncer le moment le plus fort du musicall entier, l'interprétation du déjà très célèbre I dreamed a Dream. Alors que Ruthie Henshall avait placé la barre très haut (on pourra citer ici aussi Susan Boyle, pour les fans), je crois que j'ai été le plus ému par l'actrice américaine. Une voix entrecoupée, des sanglots placés entre chaque vers et une fin culminante avec ce cri languissant vers un rêve qui ne s'est jamais réalisé.
Après avoir passé cette première heure lacrimogène, on suit Valjean jusqu'à ce qu'il arrive aux Thénardiers pour prendre Cosette sous sa tutelle. Alors oui, les scènes à l'auberge sont très simples et l'humour est facile, mais ça marche, Master of the House étant le seul moment comique du film (peut être que je suis trop simpliste pour aimer ça).
Je ne sais pas trop quoi dire sur Cosette, qui sur le coup n'apparait presque pas. Honnêtement, si ce n'étaient les scènes avec la petite enfant, j'aurais dit qu'elle n'a servi presque à rien dans l'histoire. Mis à part peut être la scène de rencontre entre elle et Marius.
Je finirai avec les révolutionnaires, pour ne pas m'étendre davantage sur une histoire que vous connaissez tous. A part les Marius (l'acteur est impeccable dans son rôle) ou Enjolras (cette scène finale, brandissant le drapeau révolutionnaire avant sa mort), j'ai préféré Gavroche avant tout. J'ai failli verser une larme (je ne pleure jamais aux films) en voyant son sacrifice aux barricades. Do you hear the people sing, singing the song of angry men ?
Pourquoi j'ai aimé ce film ? Je pense tout d'abord parce que tous les acteurs sont parvenus à me transmettre leur émotion. Chaque personnage avait son histoire à raconter, et qu'est-ce que ça passe mieux à travers la chanson ! Je n'aime pas les musicall, et je n'en ai jamais regardé un jusqu'à la fin, mais ici c'était différent. Tom Hooper avait certes devant lui non seulement le scénario le plus complet, mais aussi plusieurs adaptations théâtrales réussies. Ce support est exploité à merveille par le réalisateur canadien, qui accentue chaque moment clé dans une réalisation irréprochable.