Les misérables, en France, c’est clairement une vaste blague. C’est un tel point d’orgueil pour notre culture que ces Cosette, Gavroche, Valjean, etc… que la France n’accepte pas les adaptations étrangères. Même quand Hollywood frappe à la porte avec une comédie musicale avec des moyens colossaux et un casting de rêve, le film se retrouvé démoli par la critique, cantonné à des salles indignes, en V.F évidemment (personnellement, je n’étais pas allé le voir au cinéma à cause de ce détail ; en fait, les chansons sont quand même les versions originales en anglais), et évidemment jamais promu sur les plateaux du pays.
Donc… je me devais de le dire à leur place. J’ai pris une grosse, grosse claque en regardant les Misérables à la télévision. Donc j’en aurais pris une encore plus sévère si j’étais allé le voir dans une vraie salle avec un super son. Tant pis. Mais je vais quand même aujourd’hui vous expliquer pourquoi la critique française vous a fait rater un film excellent qui aurait au contraire dû nous toucher en particulier, nous les Français, ce qui est fort dommage.
Nous toucher en particulier car l’histoire des Misérables est totalement ancrée dans notre cœur, même si nous ne la connaissons que par bribes, ou pas bien. Comment donc ne pas se réjouir de voir enfin une version grand public, accessible, qui nous change des téléfilms en quatre parties où des acteurs de la Comédie-Française campent Valjean et Javert se regardant en chiens de faïence pendant dix minutes. Ici, point de chichis, on va droit au but, il faut que ça carbure. Les scènes essentielles du livre s’enchaînent, tragiques, comiques, audacieuses ou encore grandioses, sans jamais faire de liaisons douteuses.
Ce rythme est excellent et peut réconcilier n’importe qui détesterait Fantine parce que la prose d’Hugo la décrit comme une grosse victime expiatoire de la life, ce qui n’est certes pas faux, avec ce personnage si dramatique. Elle apparaît, montre sa force, son courage, chante, encore, encore, à vous glacer le sang, et disparaît telle une ombre pour laisser la place à d’autres magnifiques personnages.
Les personnages ne valent que parce qu’ils sont parfaitement interprétés. Je parlais récemment de la difficulté de donner des rôles d’anonymes ou de personnages à des acteurs connus. J’ai complètement oublié quel était le casting le film durant. Le maquillage est parfait, les décors géniaux et les seconds rôles défient les acteurs principaux en permanence. Les chansons proviennent de la version Broadway et sont tout bonnement sublimes. Le film est une poésie permanente dans la tradition de films tels Moulin Rouge.
Evidemment, les Misérables a ses faiblesses. Cela reste une comédie musicale, avec toute l’exagération que cela peut entraîner et l’éventuelle exaspération devant un personnage (personnellement, c’est Eponine). L’histoire est souvent schématisée, ainsi que les relations entre les personnages et certaines scènes d’action sont lourdement escamotées. Mais ce n’est pas le plus important. Ce qui est important en revanche c’est de savoir mettre en relief toute la grandeur de ce chef d’œuvre de la littérature et d’expliquer pourquoi il revêt autant d’importance dans l’histoire du peuple français.
La morale : L’internationalisation de la culture nous permet de profiter du meilleur de chaque pays. Pourquoi s’en priver ? Je peux regarder un bon film de Bollywood et l’instant d’après Slumdog Millionnaire sans aucune honte. Si je peux regarder l’adaptation de Millenium, pourquoi pas celle des Misérables?
La mention du critique : A Russel Crowe. Ce mec est extraordinaire. Il joue des rôles divers et variés, et je ne me dis jamais « tiens voilà ce bon vieux Russel ». Il transcende les personnages, leur donne des dizaines d’émotions à la minute, et les rend magnifiques. Javert traverse le film tel l’homme le plus fort du monde, un défenseur de la justice invincible, respecté, intransigeant mais surtout affreusement juste, le méchant qu’on adore détester, en bref ; c’est un superbe hommage qui est rendu à l’un des plus forts personnages de Hugo et c’est à Russel qu’on le doit.