Tout d’abord, c’est très rare que j’en parle parce que je n’y attache que peu d’importance en général, je félicite la distribution française qui nous propose une des affiches les plus laides de l’année pour publiciser « la stratégie Ender », affiche qui en plus de montrer tous les acteurs comme une galerie des horreurs, n’est pas du tout représentative du film. En effet, la stratégie Ender comme son nom l’indique, est basée sur Ender, qu’on suit quasiment en permanence dans le film à l’exception de quelques micro-scènes. Donc pour voir une vraie affiche, référez-vous à l’affiche américaine que je ne trouve personnellement pas terrible, mais qui au moins définit bien ce dont on va parler.
La Stratégie Ender est tirée d’un roman éponyme de science-fiction semble-t-il assez connu par les puristes du genre qui rappelle a bien des égards Star Wars – épisode 1. Un héros surdoué, le monde sera sauvé grâce à lui, ses côtés sombres ressurgissent au gré de ses épreuves mais son mentor a une fois aveugle en lui. La comparaison s’arrête là. Là où Anakin est l’enfant gâté de la saga, Ender est un petit homme confronté à de nombreux défis.
Cette réalisation orientée vers la première personne est le gros pari pris par le film. Personnellement, trouvant le personnage attachant et intéressant, j’y ai totalement adhéré et ai par conséquent adoré le film. En revanche, je conçois que certains n’apprécient pas ce gamin un peu tête à claques sur les bords, et donc de fait n’apprécie pas de voir un film centré sur lui.
Néanmoins, qu’on aime ou non, on ne peut que mettre en avant ce risque encouru par l’équipe du film pour se démarquer des sempiternels films de science-fiction qu’on nous sort et ressort en permanence ces temps-ci (Prometheus est un bon exemple de la mise au gout du jour d’une histoire vieille comme le cinéma). On va donc alterner entre de la science-fiction pure, de l’action, et des passages plus humains, querelles et amours adolescentes, qui ne sont pas sans rappeler Billy Elliot dans une réalisation montrant les troubles de l’enfant face aux influences qu’il subit et aux responsabilités qu’il doit porter.
Effectivement, ne vous attendez donc pas à voir des effets spéciaux incroyables et un film allant à trois cent à l’heure, ce n’est pas le but ici. Construire un personnage fort, surprendre le spectateur et le tenir en haleine sont les grands axes qui définissent la Stratégie Ender.
En conclusion, je vous invite à aller voir Ender pour sa fraîcheur et les risques qu’il prend. Ce n’est pas le film de l’année mais c’est un film multi-genres, sans parti pris, qui plaira forcément. C’est un film simple, efficace, qui n’est peut-être pas aussi claquant et pétaradant qu’un film de super-héros mais qui présente un protagoniste qui est bien plus qu’un super-héros à lui tout seul. Ne vous laissez pas rebuter par cette immonde affiche (mon Dieu, j’en fais des cauchemars !), Ender vaut d’être vu jusqu’au clap de fin.
La moralité : Bon, je l’ai déjà prôné auparavant : prendre des vrais risques, c’est essentiel, si l’on veut non pas se contenter de remplir la boîte à billets, mais surtout proposer au spectateur de lui donner du plaisir. Je me suis régalé de l’aspect neuf du film, des scènes que je n’avais pas vu auparavant, et d’un schéma de construction inédit. Accessoirement, j’ai très envie de lire le livre puisque l’histoire m’a vraiment tenu en haleine, et qu’en général ce genre de romans est difficilement adaptable car trop riche pour être contenu dans deux heures.
La mention du critique : Aux nombreux seconds rôles du film dont le seul acteur principal reste Ender. Ils sont parfois horripilants, parfois caricaturaux, mais parviennent parfaitement à faire avancer l’intrigue. Harrison Ford est excellent, les autres acteurs le sont tout autant, crédibles, efficaces, bien en place. Le fait d’avoir construit des équipes rivales et amies donnent du mordant au récit. On redemande des panthéons littéraires aussi bien retranscrits au cinéma.