Ender's Game a tout de l'énième argument démontrant qu'un scénario globalement fidèle à l'oeuvre d'origine n'est pas forcément le gage d'un bon film. Certes, pour faire tenir en un peu moins de deux heures l'intrigue du livre, Gavin Hood abuse d'ellipses et passe outre certaines sous intrigues (principalement celle de la fratrie d'Ender), mais si on met bout à bout les nœuds scénaristiques du film, il n'y a pas de quoi s'offusquer. On retrouve les personnages principaux (a ceci près que les gosses sont devenus des adolescents), les enjeux, le parcours initiatique, le final, etc.


Il manque pourtant une chose primordiale à Ender's Game. Une personnalité. Un fond, une narration qui plutôt que d’ânonner des passages du livre, aurait mieux fait d'en reprendre l'essence pour les présenter différemment. Parce que là, Ender semble moins être un génie perclus de doutes luttant contre les manipulations de l'armée et les défis impossibles qu'on lui présente qu'une marionnette consentante la raie bordée de nouilles avec un vieux fond pleurnichard refoulé.


Visuellement, c'est sympathique ces batailles spatiales - toujours mieux que les scènes dans la salle de combat, mollassonnes à souhait - mais pourquoi une telle horreur visuelle dans le "mind game" ? Élément scénaristique clef de l'ouvrage, elle est ici réduite à une portion congrue ridicule alors que c'était le lieu parfait pour prendre des risques tant sur le fond que sur la forme, illustrer autrement la personnalité d'Ender, et, bon sang de bonsoir, expliquer correctement l'intrigue autour des doryphores (L'avis de quelqu'un n'ayant pas lu le livre m'intéresse à ce sujet).


Ender's Game est creux, il s'arrête à la surface des choses. Pour ceux qui n'ont pas lu le livre, le résultat donne l'impression de voir un téléfilm vaguement distrayant, sans grande ambition qui a inexplicablement réussi à décrocher un budget CGI plus important que la moyenne. Pour ceux qui ont lu le livre, ça ressemble à un effort réel de rester fidèle à l'esprit de l'oeuvre de Orson Scott Card, tout en passant à côté de l'essentiel. Ce monument de littérature SF n'a jamais été un space opera titanesque qu'il fallait mettre en images, mais une plongée dans l'esprit d'un gamin torturé, exploité, transcendé par son génie...


Bref, je ne vois pas qui trouvera un réel plaisir à voir ce film. Son relatif échec poussera peut être Hollywood à revoir leurs projets d'adaptation de Fondation (Hargh...), Ubik (Hahahaha) ou même Hypérion (Je défaille d'avance...). La SF, ce n'est pas que du piou piou dans l'espace !


PS : Et je ne veux même pas évoquer en détail le cas Harrison Ford qui fait de la figuration pure et simple quand on attendait de lui de transcender son personnage ambivalent. Quel gâchis.

Hypérion
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le 3 févr. 2014

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Hypérion

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