Des doryphores ne reste que la carapace...
Quelques semaines avant la sortie de ce film de S-F, j'ai appris qu'il était tiré d'un roman éponyme de grande qualité. Je me suis alors procuré ce dernier que j'ai littéralement dévoré en moins de 24 heures.
L'adaptation allait-elle se révéler réussie ? C'est la question qui me taraudait tandis que je me rendais à la séance de ce soir. Bien entendu, avec une lecture si récente de l’histoire, il m'était impossible de ne pas comparer les deux œuvres. Mon ressenti n'est donc pas objectif du tout sur le film seul.
Point fort du film, ses visuels. Forcément, c'est le plus qu'offre le cinéma. Les images restituent bien la station dans l'espace et les déplacements des apprentis soldats dans les batailles à l'entrainement. Les acteurs sont corrects : Harrison Ford fait le job, même s'il commence à accuser son âge et semble parfois errer comme une âme en peine. Ben Kingsley est tout à fait crédible, le talent toujours intact. Les acteurs adolescents jouent relativement bien, sachant l'ingratitude de cet âge difficile et la difficulté de faire passer des émotions sur des visages lisses. De manière générale, je constate qu'ils jouent assez faux dans les films. Ici, cela ne se ressent pas trop.
Bon, du côté de la narration, je dois bien avouer que la déception est grande. Les raccourcis sont innombrables et tout ce qui faisait la subtilité de l'ouvrage a été oblitéré afin de tenir dans le temps imparti. Ce livre aurait mérité deux films pour lui rendre hommage. C'est ainsi qu'Ender progresse à une vitesse foudroyante, sans trop de subtilité. Il passe par exemple des jaunes (les nouveaux) à l'équipe des salamandres et termine par l'équipe des dragons alors qu'il y a tellement plus d'étapes qui montrent par où il transite pour progresser finement. Idem pour ses brillantes stratégies inédites mises en place au fur et à mesure des épreuves qui lui sont imposées : il n'en reste que des lambeaux tout juste entrevus. L'utilisation du jeu vidéo dans sa chambrée, si riche de révélations et d'épreuves dans le livre, est ici à peine évoqué, à deux reprises seulement. Disparus ses frère et sœur qui, génies eux aussi, tenaient une si grande place dans la seconde partie du roman en développant des personnalités publiques d'importance internationale. Le réalisateur a choisi, faute de temps, de faire l’impasse sur leur rôle.
Ce qui est à la base une histoire riche, passionnante et politique sur papier devient une gentille fable plutôt creuse sur pellicule. A vouloir ne conserver que la substantifique moelle, le réalisateur a dépouillé l'oeuvre de son âme. Ne reste plus que la carapace.
Dommage.