Les Misérables ! Chef-d’œuvre de la littérature française que je n’ai (malheureusement, presque honteusement) pas lu. Je devrais, je pense, certainement. Près de 2000 pages ça refroidi aussi. J’ai eu ma période Molière : Tartuffe, Le bourgeois gentilhomme, l’avare, le malade imaginaire. Ça me dédouane, peut-être, un peu. Pas du tout ? Ok, ok.
Sans connaître intrinsèquement l’œuvre de Monsieur Hugo, je connaissais déjà, certains noms : les Thénardier, Cosette, Jean Valjean et Javert et l’époque à laquelle se déroulait l’histoire, et c’est à peu près tout. Non ! Je sais aussi que Valjean n’est qu’un pédé !
Après le tirage au sort, Babar a sorti de son chapeau magique, Les Misérables. Oui ! Mais lequel ? Tantôt un film de 1933, plus tard un film de 1958, pour revenir sur le film de Raymond Bernard pour finalement s’en tenir à celui de Jean-Paul le Chanois. Film en deux parties, dépassant les trois heures. Dur.
Le film est enfin lancé. On me parle de la révolution de la commune de Paris, et l’on me présente Marius, puis Javert et un peu plus tard la famille Thénardier avec la rouquine Éponine qui se regarde dans un miroir et Bourvil le patriarche bonimenteur, voisin de l’étudiant Marius. Et enfin, encore un peu plus tard, Gabin, le grand Gabin en Jean Valjean et sa Cosette resplendissante. Une affaire de robe et de pain volé a réuni les deux familles, Thénardier et Valjean.
Mais le film commence assez bizarrement tout de même. Thénardier le roublard manigance dans son coin avec sa femme à moustache, il veut faire payer Valjean. Pourquoi ? J’ai dû rater un truc ! Valjean repasse chez les Thénardier, seul, et propose à Bourvil l’escroc baratineur de lui payer son voyage pour les États-Unis. Là, Thénardier et sa bande s’en prennent à Valjean et Bourvil lui demande s’il se souvient du Sergent de Waterloo ! Mais merde ! Qu’est-ce qu’il se passe ! Ça ne va pas, y’a un truc qui cloche !
PAUSE ! PAUSE ! Ok ! C’est quoi le délire, ça ne colle pas, on ne commence pas un film comme ça, ça me gêne, je trouve ça louche. Normalement Cosette, c’est une gamine avec un seau et Valjean c’est un bagnard. Peut-être plus tard ? Dans un Flashback ? Non ! Pourquoi Valjean est sapé comme un pingouin et Cosette elle est trop belle ?
*ÉCHAP*
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*LES MISÉRABLES – ÉPOQUE 2*
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Ok, le con que je suis. J’ai maté une demi-heure de la deuxième partie du film. Génial. IMPOSSIBURU n’est pas Français. Littéralement.
Voilà comment j’ai découvert l’histoire des Misérables, en commençant par regarder une demi-heure de la deuxième partie du film de Jean-Paul le Chanois. C’est un bon souvenir.
Bon, je lance la première partie… Bah voilà ! Là on a la tronche des acteurs, l’écran titre, les rôles et le narrateur. « 1802, des galériens en route vers le bagne de Toulon ». Ça a tout de suite plus de sens. On pose l’ambiance pour nous amener tout doucement à la présentation du bagnard Jean Valjean. Mais oui ! Là on est bon. C’est beau. *Ho ! Ho !*.
On suit donc principalement la vie (fin de vie ?) d’un bagnard nommé Jean Valjean, emprisonné pour avoir volé un pain pour nourrir sa famille et sorti de bagne après 19 années.
Cette histoire de pain aura son importance car dans la deuxième partie, elle permet au réalisateur d’utiliser ce passage de pain volé (qui est donc le début de l’histoire Misérable de Valjean) pour permettre de nouveau la rencontre entre Valjean et les Thénardier par l’intermédiaire d’Éponine, la voleuse de pain qui a apparemment très faim (elle a sauté sur la miche de pain dans l’appartement du jeune Marius quelques minutes auparavant).
Les Misérables ne seraient donc qu’une histoire de croûte de pain ? Non ! Les Misérables c’est l’histoire de la vie (je ne ferai pas de référence au Roi Lion… merde c’est raté). De la vie de gens dans une époque tourmentée par les guerres Napoléoniennes, la terreur, la famine et la misère. C’est la faute à Voltaire ! On quitte la révolution pour mieux l’embrasser de nouveau. C’est la faute à Rousseau ! Les Misérables c’est aussi une histoire de don de soi et de repentance. C’est la faute à… Pas de chance ? C’est un peu l’histoire de tous ses personnages clés.
La rencontre de Valjean avec Monseigneur l’Évêque Myriel qui lui offre après gîte et couvert, l’argenterie de sa grand-mère et deux chandeliers en demandant à Valjean d’en faire bon usage (Valjean avaient préalablement volé l’argenterie, les gendarmes l’ont arrêté à la sortie du village). Ce que Valjean n’hésitera pas à faire tout le reste du film, notamment quand d’ex bagnard, il passe à maire de Montreuil-sur-Mer sous le nom de Monsieur Madeleine. Où de sa rencontre primordiale avec Fantine, la mère de Cosette qui l’implore de sauver sa fille de la famille Thénardier.
Éponine qui par amour pour Marius(amour non réciproque) ira jusqu’à le suivre dans son épopée révolutionnaire et gagnera ce qu’elle a cherché tout le long du film, le baiser du prince charmant.
Marius qui passe son temps au jardin du Luxembourg à la recherche de Cosette puis de leurs rencontres nocturnes à son domicile dans le dos du père Valjean. Marius qui n’apprécie pas trop Valjean mais qui remercie le bon dieu qu’un homme assez fort lui ai sauvé la vie.
Javert qui incarne la loi presque implacable tout le long du film pour finalement laisser aller Valjean, libre.
Il est évident que la construction des personnages est une franche réussite, on suit les pérégrinations du personnage central Jean Valjean et tout un tas d’autres personnages gravitent autour de lui. Leurs histoires s’entrechoquent et s’entremêlent dans un concert de situations.
Par ailleurs, il est important de signaler qu’à l’époque on n’hésitait pas à voir les choses en grand et à faire bien. La réalisation n'a rien d’extraordinaire en soi, on laisse place aux personnages, mais la retranscription d’une France du début du XIXème est des plus agréables. Les premières minutes sont assez grisantes quand la caméra filme la garde monté suivi du chant des bagnards, qui eux-mêmes marchent inéluctablement vers la carrière. On s’y croirait vraiment.
Le film réussit une autre chose également, c’est de donner envie de lire l’œuvre de Victor Hugo et c’est certainement ce qui compte le plus non ?
Et puis Gabin, mon dieu, Gabin. Donnez-lui un oscar.
Un film honnête.