Une véritable perle filmique à réhabiliter d'urgence ! Les mois d'avril sont meurtriers est de cette race de films aussi rares que profondément nécessaires ; polar morose, sordide et visuellement somptueux dans le même temps celui de Laurent Heynemann offre à Jean-Pierre Marielle à rôle à sa hauteur, flic blasé mais perspicace aux allures de grand dadais en imposant d'un bout à l'autre... A ses côtés le second couteau ( et magistral ) Jean-Pierre Bisson y campe un assassin égotiste parfaitement antipathique, jouant de ses dehors instables et chaloupeux avec la maîtrise des plus grands.
Rarement un face-à-face ( ici en l'occurrence un flic s'opposant à un présumé coupable ) nous aura semblé aussi jubilatoire que dans cet écrin du cinéma français des années 80. Criblé de dialogues en large partie concoctés par le grand et regretté Bertrand Tavernier ledit film trouve un équilibre exemplaire entre le naturel anti-conformiste de Jean-Pierre Marielle et la reconstitution quasiment sociologique du quotidien monotone d'une brigade de police - prémices potentiels du génial L.627 réalisé six ans plus tard par Tavernier.
Au gré des cordes dissonantes de la musique obsédante de Philippe Sarde évoquant la trauma familial de Fred ( Marielle, génialement et presque involontairement caustique...) et de sa resplendissante photographie aux tonalités ocres et rougeoyantes l'atmosphère des mois d'avril sont meurtriers s'avère aussi réussie que proprement atypique, à mi-chemin entre la sinistrose percutante du Seul Contre Tous de Gaspar Noé et l'ambiance lugubre et comiquement pathétique du Série Noire de Alain Corneau. A voir absolument !