Encore marqué par la mort de sa fille, un policier désabusé que joue à merveille Jean-Pierre Marielle va être face à un crime odieux, dont il trouve un témoin en la personne de Jean-Pierre Bisson. Tout le film va être le récit de leur face-à-face.
Par les dialogues, les quelques références cinéphiles (dont Borzage), on devine assez vite l'influence de Bertrand Tavernier comme coscénariste du film, qui est d'ailleurs réalisé par un de ses anciens assistants, Laurant Heynemann. Il propose un rôle assez fort à Jean-Pierre Marielle, on sent la fatigue lui filer entre les doigts, il parle très souvent en voix-off (ce que je pointerais presque comme une faiblesse), mais son personnage est une très belle figure d'autorité.
Le fameux témoin, et suspect, est incarné par Jean-Pierre Bisson, assez inégal, par moment impeccable dans cette froideur, et de l'autre jouant terriblement faux, notamment dans la scène où, dans la rue, il insulte Marielle qui s'éloigne. Et c'est encore un film où on prononce un cheezebourgeur, comme dans Le faucon... On retrouve aussi une belle musique jazzy signée Philippe Sarde.
Malheureusement, on ne peut que regretter que Tavernier ne soit pas derrière la caméra, car c'est filmé comme un téléfilm, aucune idée de plan bien conçu... On retrouve aussi très, voire trop fortement, l'origine littéraire dans cette voix-off permanente de Marielle, ou dans les dialogues, qui sonnent parfois comme très écrits. Mais ces quelques réserves n'empêchent pas de découvrir ce beau film méconnu.