Quelle immense déception que cet objet naïf !
Coproduction franco-finlandaise, adaptation simple et libre de l’œuvre enfantine et niaise de Tove Jansson, Les Moomins sur la Riviera s’adresse, comme l’œuvre originale, aux tout petits. Malheureusement, le scénario n’adapte jamais son rythme à celui de ceux-là et l’aspect corrosif du message anticapitaliste ne peut que leur échapper quand dans le même temps il est
d’une lourdeur infinie
pour l’adulte aux côtés de ses enfants.
J’avoue ne pas être familier de l’univers des Moomins mais j’attendais d’être séduit par une naïveté poétique qui aurait pu m’emmener, m’attendrir. Rien de ça ici.
Dans la vallée heureuse de ces étranges hippopotames gentils débarquent quelques pirates qui insufflent leurs envies d’aventures au cœur de nos innocentes créatures. La sortie en mer se transforme alors en périple incertain jusqu’à ce qu’ils atteignent les ors de la Côte d’Azur. Dans une ambiance largement surfaite, ces gens simples découvrent alors le monde du luxe.
La vie sur la Riviera n’est pas faite pour nous.
Entre amitiés hypocrites, amours des brillances et humour du décalage, le film se construit sur
l’opposition de l’apparent ennui de la simplicité contre les futilités aristocrates
et le mépris de classe. Malheureusement, l’ensemble des aspects mis en lumière ne sont que survolés, évidemment : trop complexes pour nos petites têtes blondes qui n’imaginent et ne réfléchissent encore que d’allégories. Le scénario retenu devient ainsi décousu, manque d’élans émotifs et se contente d’enchaîner les saynètes pour lier son collier de clichés sans inventivité aucune.
Au niveau de l’animation, déception également : le dessin est évidemment simpliste, il s’agit de ne pas surcharger le tout jeune spectateur de détails qui viendraient brouiller la lisibilité du message, et les décors en deviennent plus qu’éthérés, inexistants.
Niveau trois ans pour le graphisme, cinq ans pour le récit…
Oui le message est joli, un peu gênant cependant et bien trop abstrait pour les enfants, qui dit que la bonté et la naïveté ne sont jamais récompensées que de dédain. Qui invite à l’individualisme préservé pour ne pas se heurter aux différences sociales.
Vivons en paix. Cultivons notre jardin et rêvons.
Mouais. Les auteurs peuvent aller jusqu’à s’excuser auprès de leur public tant l’ambiguïté du propos ne fait qu’embrouiller les esprits en construction de nos enfants. Pas d’imagination pour détacher les contingences matérielles de ce qu’elles sont, pour créer un moment de poésie où l’imaginaire de nos enfants pourrait se construire, mais
un terre à terre d’évidences
et de séquences qui n’ont rien à faire là. L’objet, à aucun moment, ne s’assure de sa propre identité. Le récit jamais ne se concentre pour amuser le spectateur. Déception immense…
Même ma fille, habituellement captivée dès que ça bouge, s’est plainte d’ennui.