Quand le trublion de la télévision française se croit cinéaste, cela donne un film hybride qui ne sait pas quel cou mordre.

Librement adapté du roman de Tonino Benacquista, Les morsures de l'aube hésite entre la comédie, le fantastique et le polar de telle manière que le spectateur se retrouve vite dans la position de ne plus savoir quoi penser de ce qu'on lui offre sur l'écran. Il devient la victime d'une campagne de promotion monstre qui envenima toutes les chaînes françaises et romandes, il y a quelques semaines. Le succès est définitivement monté à la tête de Monsieur De Caunes qui se croit désormais tout permis sur le seul impact de son nom. Et la première grossière erreur narcissique réside dans le prénom du personnage principal, Antoine.
Antoine donc (Guillaume Canet) est un ancien roi de la nuit, victime d'un revers de fortune qui fait de lui l'un des night clubers les plus détestés de Paris. Il vit toujours la nuit en essayant de s'infiltrer dans les soirées et les bars les plus jet-set, et se couche à l'aube dans un établissement de bains publics. Un soir, il parvient à pénétrer dans une soirée très huppée en se faisant passé pour l'intime de Jordan, figure mythique des nocturnes parisiennes. D'emblée il est convoqué par le propriétaire des lieux qui veut à tout prix retrouver Jordan. Antoine avoue ne pas connaître Jordan aussi intimement qu'il le prétend et se voit confier la mission de lui mettre le grappin dessus pour quelques centaines de milliers de francs. La chasse commence et Antoine met rapidement le grappin sur Violaine (Asia Argento), la sœur de Jordan, qui, comme lui, s'avère être une créature dangereuse passant ses nuits à mordre ses victimes.
Et c'est précisément dès lors que le premier film de De Caunes s'empêtre les canines et mélange les genres sans aucune cohérence. On se croit dans une œuvre fantastique, mais on sombre vite dans un très mauvais roman de gare tant les situations deviennent de plus en plus ridiculement malsaines. Et le jeune cinéaste se prend au sérieux en oubliant l'humour dévastateur qui faisait son succès cathodique au sein de Canal+. A chaque plan, on a l'impression de l'entendre en voix off nous déclamer combien il est doué en pompant lamentablement Lynch ou le Scorsese de A tombeau ouvert.
Mais ce sont surtout les personnages qui souffrent de cette entreprise laborieuse et c'est très décevant de la part du maître du déguisement: souvenez-vous de cette galeries loufoques qu'il offrait tous les soirs aux spectateurs de Nulle Part Ailleurs, passant du scout débile, au rocker violent, sans oublier l'intellectuel libidineux. Ici, tous les protagonistes sont vils, sales, méchants, petits et imbus d'eux-mêmes qu'ils en deviennent très vite lassants.
RemyD
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le 17 oct. 2010

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