A Tokyo, un jeune homme est brisé par une rupture sentimentale : pour se changer les idées, il quitte son travail et avec ses indemnités, il part avec sa Mazda rouge au nord du Japon à Hokkaido. Sur le chemin, il va croiser une jeune femme elle aussi sur le coup d'une rupture, puis un homme mystérieux et taciturne qui cache de lourds secrets. Ce trio improbable va ainsi traverser le pays à la recherche de... de quoi, au fait ?


Bien qu'il ait plus de soixante ans de carrière, et est toujours actif derrière la caméra [au moment d'écrire cette critique], le nom de Yôji Yamada a peu traversé les frontières japonaises : à l'exception de sa (très) longue série de films Tora-San, qui est la plus longue de l'histoire du cinéma (50 opus de 1969 à 2019 !). Cependant, ce réalisateur prolifique tournera de temps en temps d'autres films, dont ces Mouchoirs jaunes, immense succès à sa sortie.

Car au fond, c'est un road-trip, qui va du Sud au Nord, qui revisite le Japon avec un plaisir nostalgique, et surtout, ça raconte comment ce voyage va transformer ces trois personnes. Tout d'abord, le jeune homme joué par Tetsuya Takeda, montré comme une sorte de ringard n'étant jamais sorti de Tokyo, et qui a surtout une façon assez particulière de se comporter avec les femmes. En particulier avec la très belle Kaori Momoi, qui est au départ assez réservée, mais dont les techniques de drague assez discutables (dont un viol par deux fois) vont en quelque sorte la révéler à elle-même et de s'affirmer. Et enfin, Ken Takakura dans un rôle où il ne joue pas un Yakuza, très touchant par son histoire personnelle, dont celle qui, sans trop en dire, donne son sens au titre du film.


J'ai trouvé ça excellent, car pour deux des trois personnes, c'est un road movie sans but, ce qui fait que l'histoire va en quelque sorte changer de point de vue pour épouser celle de Takakura, au passé tragique, et ça va être l'occasion pour ces personnes-là de ressortir différents de ceux qu'ils étaient au départ, sans leçons de morale appuyé. D'ailleurs, cette gentillesse se retrouve aussi dans la présence de Kiyoshi Atsumi, qui incarne un policier avec qui Tetsuya Takeda va avoir une altercation, et dans une scène formidable où Takakura va prendre Takeda entre les deux yeux pour lui expliquer qu'une femme est aussi fragile qu'une fleur, et qu'il ne peut les traiter comme il le fait.

Comme je le disais, le film sera un immense succès à sa sortie, et garde encore aujourd'hui une forte réputation, car ce qu'il raconte, malgré que ça se passe en 1977, a quelque chose d'intemporel. Et on resterait bien encore dans la voiture, comme un quatrième passager...

Boubakar
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le 18 mai 2023

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