Personnages sympathiques, acteurs convaincants, blagues drôles: on arrive à sentir le mélange d'odeur de mer, de transpiration, et de 51. On a donc affaire à une mise en scène qui sait poser une ambiance, un cadre: une générosité de la sensation.
L'humour fait mouche, pour qui a su accepter la bassesse originelle se dissimulant sans trop de succès dans la lourde carcasse humaine. Entre blagues pipi/caca et dérision plus piquante. Ces deux artistes du Sud sont perdus dans un océan ordurier de rentiers de la "culture", probablement indignés qu'on puisse avoir du succès sans même avoir vomi son accent (vomi est mal choisi: les personnes ciblées perdent leur accent sans jamais le récupérer; je ne voudrais pas trop m'avancer sur le vomi, trop soupçonneux que je suis de pratiques peu avouables...). Les fonctionnaires agrippés à leurs acquis sociaux sont certes la cible principale du film, mais les responsables politiques ne sont pas en reste (voir le ridicule du technocrate parisien qui se ridiculise à vouloir faire des économies sur le papier toilette).
Une comédie honnête, plus intéressante, globalement, que pas mal de merdes aseptisées produites dans le même genre. Seul défaut: la fin, sans queue ni tête, avec une résolution des "péripéties", qui tombe comme un cheveu sur la soupe: la structure du récit est à revoir, ou du moins à achever. On pourrait presque dire que le scénario (pas le film, qui bénéficie d'une réalisation satisfaisante) a été fini au Ricard.