juin 2010:

A l'époque, la psychanalyse relève encore du mystère. Cette science toute jeune n'est pas encore très bien connue, ni comprise par le commun des mortels. Notez qu'Hitchcock trouvera nécessaire de faire encore un film explicatif bien des années plus tard ("Spellbound").
Parce que la psychanalyse peut à l'époque paraitre comme une pratique proche de la prestidigitation, Pabst s'attache à en faire une illustration édifiante. Le sous-titre "film psychanalytique" annonce la couleur : on risque d'avoir droit à un document didactique. Et en effet, le film se structure sur une première partie présentant les symptômes névrotiques du personnage principal (Werner Krauss) et une seconde où les séances thérapeutiques remettent de l'ordre et du sens dans ces éléments confus. Du moins censés l'être, car dès la première partie, il n'est pas nécessaire d'être grand clerc pour comprendre ce qui se passe dans l'inconscient du personnage. La frustration et la jalousie sont très lisibles, le rêve n'en est qu'une confirmation. Aussi toute la seconde partie devient redondante et sa lecture fastidieuse. Soyons tout de même un peu indulgent avec ce film destiné à mettre en lumière une pratique encore trop obscure pour la plupart des gens.

Du point de vue visuel on a connu, même à l'époque (je pense à Fritz Lang tout de suite, là) plus de virtuosité, d'imagination et de créativité. Cependant Pabst cherche et trouve quelques options non dénuées d'intérêt. Quelques jours après avoir vu ce film, il n'y a rien de bien précis qui me revient à l'esprit pour illustrer cela, si ce n'est les quelques séquences oniriques. Il s'agit donc plus d'une impression générale, celle que laisse un film bien filmé, sans pour autant qu'une image et des cadrages percutants ne viennent corroborer cela. C'est dans ce genre de cas qu'on évoque aisément la sobriété de la mise en scène. Au risque de faire paraitre mon sentiment comme une expression tristement creuse, je me vois contraint d'employer ce terme "sobre", sans doute en raison même de l'objectif didactique qui semble prévaloir dans l'élaboration du film.

Pour conclure, je ne me relèverai certainement pas la nuit pour le revoir mais cela reste une curiosité, un document d'un temps où la psychanalyse fascinait autant qu'elle faisait peur.
Alligator
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le 7 avr. 2013

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