C'est le genre de film que j'aurais aimé découvrir par hasard, en entrant dans une salle obscure sans trop savoir ce que je vais regarder. Notre époque étant ce qu'elle est, on m'en a parlé d'abord puis je l'ai regardé en DVD. En repassant parfois certaines scènes vu que je n'entravais rien à ce qui se passait.
Au niveau scénario et exposition, c'est vraiment très confus (pour ceux qui n'ont pas vu, je conseille de passer au paragraphe suivant). Le film a été tourné aux Canaries, sur une île volcanique, et rapporte la révolte d'une bande de nains contre le directeur d'une institution (pour attardés ?) qui a pris en otage leur leader. Le directeur est assiégé dans sa maison tandis que les nains, par désoeuvrement et bêtise, se livrent à une série de cruautés complètement aléatoires, en particulier contre deux nains aveugles.
Dit comme ça, cela a tout pour plaire. Mais le film est vraiment filmé à la diable, et le fait que le directeur soit aussi un nain n'a rien pour faciliter la compréhension. A côté, "Coeur de verre" est limpide. Je défie quiconque qui n'a pas lu le synopsis de comprendre ce qui se passe pendant les 20 premières minutes...
Passé cela, le film contient de nombreuses scènes mémorables. Si vous avez toujours rêvé de voir une procession de nains menant un singe crucifié en une sorte de carnaval morbide, c'est définitivement le film à voir. Je pourrais multiplier les remarques sur ce genre de scène baroque, mais le mieux est de laisser à mon lecteur le plaisir de la surprise.
Les nains sont parfois inquiétants, souvent touchants, avec leur petite voix et leurs visages qui sont soit très juvéniles, soit marqués par une vieillesse précoce. On a tout de même, par moment, l'impression que certaines scènes font remplissage. Mais c'est peut-être la vision sur DVD qui contribue à cette impression. C'est important, le type de média, quand on regarde un film.
Un film mineur, si j'ose, de Werner Herzog, mais c'est ce genre de films hors-normes dont on est content qu'ils existent, et que l'on aimerait voir plus souvent sur nos écrans. Hélas peu d'investisseurs se risqueraient, aujourd'hui, à soutenir ce genre de projet...